Overblog Tous les blogs Top blogs Littérature, BD & Poésie
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
Les univers des deux comtés Des contes gratuits pour petits et grands

Édouard et la mangeuse de pintade.

Merida

Un texte de Merida de la websérie Kaliderson d'après un conte de Mestr Tom

 

Édouard rêvait d’aller à l'avant-première organisé au cinéma de la Roche sur Foron. Les acteurs de sa websérie Youtube favorite y seraient. Le souci, c’est que le voyage coutait très cher. Très opiniâtre, Édouard avait cherché un emploi, même très pénible, afin de financer son projet. La canicule qui sévissait avait drainé la plupart des adolescents comme lui vers les plages. La chance frappa à sa porte le jour où il aperçut une annonce, sur la porte vitrée d’une pizzeria : « Recherche serveur à temps complet ». Lorsqu’il entra dans l’établissement, la chaleur le suffoqua. Les fours donnaient à plein régime et, de toute évidence, la climatisation semblait très largement insuffisante. Son entrain et sa bonne humeur convainquirent d’emblée le patron qui n’hésita pas une seconde à l'embaucher. Son travail ne semblait pas très compliqué. Il lui fallait simplement se montrer réactif dès qu’une table se libérait, afin de la rendre immédiatement disponible pour d’autres clients. Sa tâche était d’arriver avec une bassine en plastique et de récupérer tous les reliefs de la table, ainsi que la vaisselle qu’il devait apporter aux deux gars qui faisaient la plonge. Le truc sympathique, c’est que, tous les soirs, Édouard pouvait, en plus de son salaire et des pourboires, ramener une partie des parts de pizza non vendues dans la journée. La routine s’installait, quand, un jour, Édouard, qui remplaçait un vendeur à la caisse, vit arriver une jeune fille avec une courte cape bordeaux à capuche et une masque vert qui lui cachait le haut du visage. La jeune fille s’accouda au comptoir et ordonna d’une voix froide :

- Servez-moi.

- Bien sûr, que voulez-vous ? demanda Édouard, légèrement déstabilisé.

- Une pintade rôtie à la broche.

- Heu…mais nous ne servons que des pizzas ici ! Peut-être serez vous intéressée par celle avec poulet, sauce tomate et…

Édouard n’eut pas le temps de finir sa phrase. Le jeune fille allongea le bras, attrapa Édouard par le col et rapprocha son visage du sien, faisant passer le haut du corps de Édouard sur le comptoir.

- J’ai demandé une pintade, pas une pizza !

- Je…je suis désolée mais nous…nous n’en avons pas ! bredouilla le jeune garçon.

La jeune fille le relâcha avec un regard assassin. Édouard n’en menait pas large, et se demandait pourquoi cette folle venait justement pendant qu’il était seul dans le restaurant, et qu’il devait exceptionnellement servir. Que faisait son collègue ? Il ne devait partir que deux minutes ! Édouard n’avait pas le droit de se trouver derrière le comptoir, et encore moins d’encaisser des clients. Heureusement pour lui, la jeune fille tourna les talons et sortit du restaurant en claquant violemment la porte.

Son collègue revint et vit qu’il avait une table à nettoyer. Ils se remirent au travail. Le soir, en rentrant, Édouard n’y pensait déjà plus. Il mangea ses parts de pizza et regarda Kaliderson sur son ordinateur. La nouvelle chanson de Laurent Combaz « Peur du loup » était encore plus belle que les précédentes. L’histoire d’un jeune enfant esclave, doué d’un pouvoir de vision qui lui occasionnait de sacrés maux de tête, et qui devait affronter des marchands d’esclaves, un mystérieux commando venu de l’est, un démon et une femme maléfique qui avait fusionné avec un dragon. Édouard finit par s’endormir, pensant à la journée de labeur du lendemain, mais surtout à son futur voyage.

Édouard se réveilla dans une cellule de pierre, les mains attachés dans le dos par une corde et les pieds liés entre eux de la même manière. La salle était froide et vide, à l’exception d’un sceau d’eau croupie à l’anse rouillée. Avant qu’il ait eut le temps de mettre de l’ordre dans ses idées, la porte de la cellule s’ouvrir dans un grincement, et dans l’encadrement se tint la jeune fille bizarre qui était venue à la pizzeria la veille.

- Tu es ici chez les gardiens du royaume, dit-elle d’une voix froide. Tu as officiellement été fiché en tant « qu’ennemi du royaume », félicitations, sorcier ! Tu était bien caché, mais je t’ai démasqué, toi et tes « pizzas », cette cuisine inconnue ! Dans quelques heures, mes compères seront revenus et nous pourrons t’enfermer dans la pierre. En les attendant, tu resteras ici. À bientôt !

Et elle sortit, un sourire mauvais sur les lèvres. Par inadvertance, ou pour le narguer, elle laissa la porte ouverte. Édouard n’avait que quelques heures pour s’en sortir, il devait faire vite ! Au loin, il entendit un loup hurler. Édouard eut le réflexe de se relever pour prendre ses jambes à son cou, mais il trébucha à cause de ses pieds liés. Il pesta contre lui même avant de commencer à ramper sur le sol. Cette méthode, en plus d’être peu efficace, était très fatigante et Édouard s’arrêta avant la porte, à hauteur du sceau d’eau. Devant la vision du récipient à la hanse rouillée, une scène de sa série préférée lui revint en mémoire. Il donna un grand coup de tête dans le sceau pour en renverser l’eau sur la pierre, roula par terre pour se mettre dos au récipient et approcha ses mains de la hanse et y frotta la corde. Au bout de longs efforts, il réussit à sectionner ses liens. Il frotta ses poignets douloureux avant de se détacher les chevilles.

Un nouveau hurlement déchira le silence, et bizarrement cette voix de loup lui redonna du courage. Prudemment, il sortit de sa cellule. Il se retrouva au milieu d’un long couloir et, complètement au hasard, choisit de partir à droite. Il longea le long couloir de pierre, courant à moitié. Il ne savait pas où il allait, mais il savait que s’il en tentait rien, il perdrait. Il passait à côté de plusieurs portes, toutes identiques, et en ouvrit une quand il vit arriver quelqu’un en face de lui. Il referma précipitamment, espérant qu’il n’avait pas été vu. La pièce dans laquelle il se trouvait désormais semblait être un cellier : des jambons pendaient du plafond et des bouteilles d’alcool était alignées sur des étagères. Édouard en conclut qu’il devait se trier dans le sous-sol de la demeure dans laquelle il était et qui’l devait trouver un escalier pour s’en sortir. Néanmoins, avant de sortir de la pièce, il prit le temps de manger un morceau de jambon. Ceci fait, il sentit ses forces lui revenir. Il aperçut quelques sac en toiles de jutes dans un coin, en prit un, et emporta avec lui un jambon et une bouteille d’alcool. Il colla son oreille à la porte et, n’entendant rien, il sorti de la pièce.

Malheureusement pour lui, il se retrouva face à une jeune fille en robe rouge avec de longs cheveux bruns avec un katana à la main. Édouard se figea, et le jeune fille prit la parole :

- Il me semblait bien avoir vu quelqu’un rentrer ! Et bien gamin, que fais tu là ? Tu essayes de fuir peut-être ?

Sans prendre la peine de répondre, Édouard donna un grand coup de sac dans le torse de la jeune fille qui se plia en deux, et il prit ses jambes à son cou, serrant son précieux butin contre lui. Il ne ralentit que quand il arriva à un carrefour : quatre chemins s’offraient à lui, et il ne savait lequel prendre, aucun ne semblant mener vers un escalier. Ne sachant comment choisir, et pressé par le temps, Édouard décida de s’engager dans celui de gauche, mais quelque chose retint son attention : sur le mur du deuxième chemin partant vers la droite, une phrase était gravée : le loup montre le chemin. Édouard ne comprenait pas ce qu’il devait faire, quand un nouvel appel de loup retentit : il venait de devant lui. Sans plus hésiter, Édouard s’engagea dans cette direction, espérant que le loup ne le tromperait pas. Régulièrement, le jeune garçon regardait derrière lui, mais la jeune fille en rouge ne semblait pas l’avoir suivi. C’est avec le plus grand soulagement que Édouard vit un escalier se dresser devant lui. Il gravit les marches quatre à quatre, et déboucha dans une petite cour de château. Édouard sentit une grande joie monter ne lui à l’idée d’avoir réussi, mais il déchanta bien vite en voyant un homme s’avancer dans la cour. Un homme, ou peut-être un dragon ? La créature semblait être un humain avec une armure faite dans la peau d’un dragon, mais le plus dangereux était qu’il crachait du feu, et qu’il se dirigeait tout droit vers Édouard ! Le jeune garçon prit la fuite, mais il arriva bien vite face à un mur qui le forçat à faire face au dragon. Son sac serré contre lui, le jeune garçon eut une idée : conscient qui’l ne l’emporterait pas par la force, il devait tenter de s’en sortir par ruse. Une fois que l’homme dragon ne fut plus qu’à quelques mètres de lui, Édouard sorti la bouteille d’alcool de son sac et la jeta sur son ennemi au moment où celui ci commençait à former une flamme.

Le feu n’étant pas encore sorti de l’homme, l’alcool amplifia la flamme en formation et l’ennemi de Édouard s’embrasa. Édouard en profita pour passer près de lui à bonne distance et courut dans la direction opposée. Le jeune garçon sentait qu’il n’était pas loin de la sortie : une fois qu’il aurait trouvé la porte de la cour, il serait libre ! Plus il courait, plus des bruits d’un combat à l’épée semblaient se rapprocher. Après avoir tourné à l’angle d’un mur, Édouard se retrouva face à une bataille : des femmes et des hommes se battaient sauvagement en poussant des cris, cris qui se mêlaient aux aboiements de chiens engagés dans les combats. De l’autre côté de la bataille, Édouard aperçut une porte, la porte qui lui permettrait de s’enfuir définitivement. Édouard voulut contourner les combats, mais des chiens se ruèrent sur lui. Rapide comme l’éclair, Édouard attrapa le jambon dans son sac et le jeta loin de lui. Les chiens coururent droit vers la viande, et le jeune garçon en profita pour courir à l’opposé. Il rasa les façades de la cour pour éviter les armes, se penchait pour éviter une épée, faisait un bond de côté pour éviter un combattant qui tombait, et après avoir encouru de nombreux périls, il arriva face à la porte de sa liberté. Il poussa le lourd battant, et se retrouva face à des femmes et des hommes accompagnés de la jeune fille à la cape rouge qui l’avait emprisonné. Si proche du but, Édouard se fit capturer.

« Game over ! Veuillez insérer une pièce pour continuer à jouer… ». Le sinistre message apparut à l’écran une nouvelle fois. Pour la cinquième fois de la journée, le jeune Édouard tapa du pied sur le sol avant de se calmer, il finirait bien par trouver la solution et terminer ce jeu ! Comme disait Kaliderson « Il faut toujours se relever », alors il remit une pièce de deux euros dans la machine, prêt à refaire le parcours en se souvenant de ses erreurs.

Édouard se réveilla dans une cellule de pierre, les mains attachés dans le dos…


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires