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Les univers des deux comtés Des contes gratuits pour petits et grands

Victor Krampus

Mestr Tom

Gaëtan et Louise, sa maman, se rendaient au spectacle du Roi conteur. Le jeune garçon aimait bien ce spectacle qui avait lieu chaque année pour le solstice d’Hiver. Quand Louise et Gaëtan entrèrent par l’arche de livres qui servait de porte, ils n’arrivèrent pas dans la médiathèque mais dans une immense bibliothèque. Ils se retournèrent tous les deux et ce n’était pas le parking qu’ils pouvaient voir, mais une immense forêt avec, dans le ciel, un dragon volant. Une fois la surprise passée, l’instinct de survie leur commanda de rentrer au plus profond de la bibliothèque où ils virent un bureau d’accueil en marbre et, derrière, un homme étrange qui ressemblait à s’y méprendre à Merlin l’Enchanteur.

— Bonjour ! Où sommes-nous ? demanda Louise.

— Au Pays des Six Légendes.

— Mais il n’y a que cinq légendes ! Le coupa Gaëtan : le Père Noël, le Lapin de Pâques, le Marchand de Sable, la Fée des Dents et …

— Et tout le monde oublie le plus important. Pour que les légendes vivent, il faut un conteur et un méchant. Sinon il n’y a pas d’aventures. Pour une fois, Croquemitaine n’y est pour rien. C’est Victor, le Démon de l’Hiver, qui vous a joué un tour. C’était lui, au début, qui donnait les cadeaux aux enfants et qui fouettait le postérieur des enfants pas sages. Mais les Légendes ont décidé qu’il avait trop de boulot et ils ont donné la distribution à Noël, et les punitions à Victor.

— Comment allons-nous rentrez chez nous ? demanda Louise, inquiète.

— J’y venais ! Victor a emprisonné Noël dans sa grotte et a volé le Grand Livre de Roi le Conteur. Il va vous falloir demander de l’aide aux autres Légendes afin de pouvoir délivrer Barbe Blanche et ramener le livre. Lapin de Pâques est caché quelque part dans la forêt devant ma bibliothèque. Il vous indiquera où sont les autres.

— Personne d’autres ne peut nous renvoyer chez nous ? demanda Louise.

— Pas sans le livre de Roi. Je vous souhaite bonne chance.

— Mais… et le dragon ?

— Ne vous inquiétez pas de lui, il ne mange que les chasseurs. C’est le gardien de la forêt.

Les deux aventuriers n’avaient pas le choix, ils quittèrent la bibliothèque. Ni Le jeune garçon ni sa mère n’étaient rassurés par la présence du dragon mais il semblait ne pas faire attention à eux. Sur le coup de midi, enfin en tout cas pour leurs estomacs, ils se posèrent près d’une souche et commencèrent à manger le pique-nique que Louise avait préparé. Soudain, un animal au pelage gris apparut dans les fougères. Louise recula alors que Gaëtan regarda, fasciné, l’animal arriver vers eux. C’était un loup gris qui s’approchait. La mère voulut protéger son fils mais il avança vers l’animal majestueux pour le caresser.

— Petit d’Homme, tu n’as pas peur de moi ?

— Pourquoi avoir peur des loups ?

— Car des enfermeurs de mots nous ont traité de bête féroce, nous les gardiens de la forêt.

— Tu n’as pas l’air dangereux. Tu as faim ?

— Oui, mais pitié ! Ne me dite pas que c’est une galette et un pot de beurre !

— Non, c’est du jambon. répondit Louise. Mais vous parlez ?

— Oui, comme beaucoup de mes semblables de votre monde. Mais ici cela semble plus facile. Votre fils n’avait pas l’air étonné de me parler pourtant. Je veux bien un peu de jambon, s’il vous plait. Que venez-vous faire dans ces bois ?

— Nous cherchons le Lapin de Pâques pour rentrer chez nous.

— Je vous souhaite bien du courage car depuis que Victor a capturé Noël, il se cache. Mais, si vous voulez quelqu’un pour vous protéger, je suis votre loup.

— Mais le lapin devait nous dire où trouver les autres.

— Ce que peut faire le flair d’un loup.

Le canidé huma l’air.

— Un jeune enfant, à l’ouest, qui a une dent qui vient de tomber ! La fée ne va pas tarder. Dépêchons !

 Les deux humains récupérèrent en vitesse leur bagage et suivirent le loup. Ils arrivèrent à une clairière où se trouvaient un jeune garçon et deux hommes, dont l’un avec une pince. L’enfant se massait la joue.

— Ce n’était pas si terrible, il valait mieux que le dentiste t’arrache cette dent qu’elle ne tombe dans ton sommeil et que tu l’avales !

— Mais j’ai mal ! Pleurnicha l’enfant.

— Tu es vraiment trop douillet, William !

— Et vous, un tricheur ! Déclara une fée qui venait d’apparaitre. Vous vouliez la pièce pour réparer la roue de votre carriole. Ne me mentez pas !

— Oui madame la fée. répondit le père, tout penaud.

— Alors je n’aurais pas ma pièce ? demanda l’enfant.

— Si, mais s’il y touche, je le change en souris ! Pareil pour vous, l’Arracheur de Dents !

— Je suis dentiste ! Tenta de protester l’homme.

— C’est pareil coupa la fée.

 Le loup et les deux voyageurs approchèrent.

— Madame, ces deux Créateurs ont besoin de votre aide pour secourir Noël. Victor a encore fait des siennes.

— Je n’ai pas le temps ! Désolée pour le gros bonhomme rouge. Je vous prête l’Arracheur de Dents.

— Mais j’ai un travail ! Protesta le dentiste.

— Et moi, je transforme les tricheurs en souris.

Le dentiste, bien malgré lui, se joignit au groupe.

— Le prochain, c’est le Marchand de Sable, déclara le loup. Nous partons pour Insomnia, la ville du sommeil. C’est là qu’il se fournit en sable.

La petite troupe suivit le gardien de la forêt. Le dentiste pestait qu’il avait des clients, et que la fée ne devrait pas avoir autant de pouvoir.

— Elles en ont de moins en moins, mon cher ami, finit par déclarer le loup. À chaque fois qu’un Créateur ne croit plus aux fées, elles disparaissent et la magie avec. Dois-je te rappeler que c’est la magie qui nous protège du côté obscur et des créatures du Comté de la Nuit ?

 Le dentiste, vaincu, se tut pendant le reste du trajet. La ville d’Insomnia se trouvait au bord du Lac Magique. Il y avait un tout petit village, avec une immense carrière de sable. Si l’on oublie des gens comme le shérif, le facteur et l’épicier, tous les gens du village travaillaient à la carrière de sable. L’extraction se faisait de jour comme de nuit. Il fallait beaucoup de sable pour endormir tout le monde. Ici, les gens ne dormaient jamais, ils n’avaient pas le temps. Ainsi, tous les habitants avaient les traits tirés et des cernes sous les yeux. Les rues étaient parsemées de sable. Le jeune garçon n’était pas rassuré par les habitants du village qui étaient, dans son esprit, plus effrayants que le loup et le dragon réunis. Des gens qui acceptent de n’avoir aucun loisir, de ne jamais lire un livre ou de voir un spectacle, d’habiter dans un village où il n’y a aucune école, ces gens devaient être des fous. Gaëtan se rapprocha de sa maman.

— Trouvons le Marchand de Sable et partons déclara Gaëtan, anxieux.

— Oui ! Moi aussi je les trouve inquiétants, le rassura sa mère.

Loup cherchait le maitre des lieux, mais l’odeur du sable magique l’endormait trop pour qu’il puisse suivre une piste. Soudain, il y a eu une explosion et des cris. Gaëtan était de moins en moins rassuré. Sa mère tentait de le réconforter, même si elle n’en savait guère plus. Les gens couraient dans leur direction. Le dentiste, dans un éclair de courage, arrêta l’un des ouvriers :

— Que se passe-t-il, Mon Brave ? Je suis médecin.

— Faut aller voir là-bas, Mon Bon Monsieur, y a une faille qui a explosé ! Tout le monde va s’endormir pour un moment sur place.

— Et le Marchand de Sable ?

— Il a été bien touché aussi, Mon Brave, il va dormir longtemps !

— Les nuits vont être longues et nous avions besoin de lui !

— Si vous voulez du sable magique, je peux vous en fournir. J’en ai plein dans mes poches, le temps de trouver une bourse et je suis à vous.

— Vu que le village va dormir un moment, moi, le Gardien de la Forêt, je vous prends à mon service ! Déclara solennellement le loup. — Alors je vous suis.

 Gaëtan remarqua le manque total de volonté de l’homme. Il suffisait que quelqu’un avec un peu d’autorité lui donne un ordre pour qu’il le suive. Le jeune garçon n’était pas rassuré que l’homme les accompagne. Le voyage vers le château du dénommé Victor pouvait commencer. La petite troupe avançait et Loup répondait aux questions de Gaëtan sur la forêt, ses animaux, mais aussi sur le royaume des contes. Ils arrivèrent à un croisement. Gaëtan put lire sur l’un des panneaux « Cabane de Mère Sorcière ». L’autre panneau indicateur était effacé en partie « Grotte du D…, antre de Krampus

— Qui est Krampus ? Demanda le jeune garçon.

— C’est l’un des surnoms de Victor, il n’apparait pas toujours comme un vieillard à bois de cerf, mais comme une bête hirsute. Cela effraie encore plus les enfants méchants, répondit le dentiste.

— Je n’ai pas envie de voir les sorcières, alors allons dans la grotte !

L’endroit était étrange. Elle était propre, avec des tapis, du marbre et une terrasse faisant penser à une piste d’avion. Il y régnait par contre une chaleur étouffante, et une odeur de soufre flottait dans l’air. Le loup trembla :

— Je sais où nous sommes ! Et si le maitre des lieux se réveille, alors nous aurons de gros ennuis.

— Qui est-il ?

— L’ancien Gardien de la Forêt, un vieux dragon qui n’aime pas vraiment être dérangé.

Gaëtan se rapprocha de sa mère. La petite troupe avança sans bruit.

— Qui ose déranger mon sommeil ? demanda une voix caverneuse.

— Je suis l’un des loups de la forêt, et nous allions rendre visite à Victor. Nous ne faisions que passer.

— Sans vous annoncer ? C’est impoli ! J’espère que ce cher Victor va s’occuper de vous. Le postérieur du jeune humain sera bien rouge après cela ! Qui vous accompagne ?

— Le jeune Gaëtan, sa maman. Ce sont des Créateurs. Puis il y a un fabriquant de sable magique et enfin un dentiste.

— C’est merveilleux ! Finalement, le jeune garçon pourra s’asseoir ce soir et je vous autorise à passer. Par contre, le dentiste devra rester, j’ai mal à une dent depuis deux ou trois ans, il va pouvoir me soigner ça. Bonne route !

— Au revoir, l’Arracheur de Dents ! Déclara le loup. Et courage, vous en aurez besoin.

— Je suis dentiste.

— Il vaut peut-être mieux, finalement, répondit le loup. Il faudrait une armée pour extraire une dent de la bouche d’un dragon. Je ne parle pas du fait de pouvoir se faire croquer à chaque instant, ni de son haleine. Laissez-lui un peu de poudre de sommeil, Mon Brave.

— Bien monsieur, répondit l’ouvrier.

Le dentiste, peu rassuré, se dirigea vers l’imposant dragon, pendant que le reste de la troupe avançait. Ils sortirent rapidement de la grotte et virent, au loin, le sinistre château du Père Fouettard. Au détour d’un chemin, une troupe de bandits attaquèrent. Loup demanda à l’ouvrier de jeter tout le sable qu’il pouvait sur la troupe. De peur, l’ouvrier vida tout le contenu de ses poches, et la sinistre troupe s’endormit. Ils étaient bien une quarantaine.

— Merci, l’Ami ! J’espère que nous n’aurons plus besoin de ta poudre par la suite, déclara le loup. Avançons prudemment, qu’aucun d’eux ne se réveille.

Les aventuriers continuèrent leur chemin. Chacun rassemblant son courage comme il le pouvait. Le château se dressa devant eux. Il était sombre, et le bruit du vent ne rassura personne. Le pont levis étant baissé, tout le monde continua à l’intérieur. Le piège se renferma sur eux. Une fois entrés, la porte se ferma, et la compagnie se fit attaquer par des hommes faits d’ombre noire.

— Gaëtan, Louise, fuyez ! Ce sont des Cauchemars. Je m’en occupe. — Mais toi, Loup ? Supplia Gaëtan.

— Fuis, Mon Ami ! Depuis la venue des chasseurs, au printemps dernier, je n’ai plus peur de rien.

Une larme coula sur la joue de l’animal, qui se jeta tous crocs dehors sur les cauchemars. Gaëtan et sa maman, rentrèrent dans le donjon. Dans la grande salle, qui ressemblait à une salle de classe ou à une salle de torture, personne ne saurait le dire, se dressait un vieil homme habillé de noir et, en face de lui, ligoté sur une chaise, se dressait le Père Noël.

— Je vois que nous avons un invité surprise ! Tu viens me voir faire disparaitre le monsieur au manteau rouge ?

— Non, je viens le sauver.

— Sale garnement ! Tu crois en lui plus qu’en moi ?

— Non, toi aussi tu es important quand les enfants ne sont pas sages. Mais lui, c’est l’Amour des parents, c’est un moment de paix dans l’année, un moment de joie !

— C’était mon moment ! Vociféra le diable noir, il me l’a volé.

— Il faut qu’une personne représente l’espoir et une autre la conscience. J’ai fait des bêtises. Si tu veux me punir, vas-y ! Tu peux. C’est normal. Mais laisse ce moment de joie, s’il te plait, s’il te reste un cœur !

— Il doit me rester, en effet, quelque chose qui bat dans ma poitrine. Mais c’était moi l’espoir, avant. Et vous allez tous les deux périr ! Je serais de nouveau celui qui apporte la joie aux enfants !

— J’ai une idée ! s’exclama Gaëtan.

— Tu as une dernière chance, Petit, hurla l’homme aux bois de cerf. — Pour notre monde, c’est toi qui donne les punitions, et Noël qui donne les cadeaux.

— Oui, répondit avec lassitude, l’homme en noir.

— Mais ici, dans le monde des contes ?

— Ici aussi !

— Alors pourquoi ne pas inverser les rôles ? Je suis sûr que certains enfants tapent des pieds à Noël, car ils veulent toujours plus de cadeaux, et n’en ont jamais assez. Je suis sûr qu’il serait ravi d’en punir deux ou trois. Et toi, tu pourrais être celui qui apporte la joie. Vous seriez d’accord Noël ?

— Pas de soucis pour moi, déclara l’homme en rouge. Il va d’ailleurs falloir que je parle à mes amis qui n’ont pas pris la peine de venir me sauver.

— Je suis d’accord ! Bien joué, Jeune Homme déclara Victor en souriant.

D’un claquement de doigt, le Père Noel fut libéré. Peu après le dentiste, l’ouvrier et le loup arrivèrent.

— Le combat est fini ! Grâce à ce jeune garçon, nous sommes arrivés à un accord.

— Monsieur le Père Fouettard …

— Tu peux m’appeler Victor, nous sommes amis maintenant !

— Victor, pouvez-vous nous rendre le livre de Conteur, que nous puissions rentrer chez nous ?

— Je n’ai pas ce livre, mon cher petit. Qu’en ferais-je, d’ailleurs ?

— En fait, c’est moi qui l’ai ! Déclara une voix âgée dans leur dos. Il était tombé entre deux étagères.

Tous se retournèrent pour voir le vieux bibliothécaire arriver. «

— Et puis, cela t’aura permis d’avoir une chouette aventure, Jeune Homme.

Tout le monde acclama le jeune héros.

— Et pour les courageux héros qui t’ont aidé, j’ai un présent en remerciement ! Pour toi, Le Dentiste, tu seras Dentiste des Dragons. Avec ce titre, personne n’osera plus t’appeler Arracheur de Dents. Pour toi, Le Loup, je vais te nommer Roi de la Forêt et mettre notre dernier dragon à la retraite. Enfin pour toi, Mon Cher… Que puis-je faire pour toi ? Demanda-t-il à l’homme de sable.

— Me donner un nom, s’il vous plait ?

— Soit ! Désormais, tous t’appelleront Oscar. Je pense qu’il est temps de permettre à nos deux amis de rentrer. Au revoir et n’oubliez pas : il faut croire en la magie pour qu’elle continue à vivre.

Il y eu un flash de lumière, et Gaëtan et sa maman entrèrent enfin dans la médiathèque.

 

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