Urbain fin
Le vieux mage discutait avec Ouf le chambellan de la cour et gardien du registre.
« Mon cher Ouf avons-nous des arrivées pour demain qui nécessiteraient mon concours ? »
L'homme à la veste arlequin compulsa son registre avec attention :
« Nous avons la jeune Clara qui doit prendre confiance en elle, je ne lui ai pas encore trouvé d'épreuves.
— Nous pourrions prendre le jeune Stanislas, il ressemble à un jeune prince, l'enfermer dans un cachot et laissé Clara le sauver. Ils devraient passer le pont pour revenir me trouver. Je vais demander l'aide d'Urbain. Retrouvons-nous ce soir pour les derniers préparatifs.
— Bonne journée Thomas.
— Bonne journée Ismaël.
Le vieux mage quitta le palais des fins heureuses et se dirigea vers le pont. Il s'assit au centre du pont sur le sceau de la grande fée. Il psalmodia une formule. Il arriva dans une pièce fermée il y avait un petit jardin qu'entretenait un troll de pierres.
— Salutations Thomas.
— Salutations Urbain. J'aurais besoin de toi pour aider une jeune créatrice.
— Bien sûr ! En deux milles ans tu es le seul à venir me voir. Depuis que j'ai donné mon cœur à la grande fée pour arrêter la guerre je suis enfermé ici. Ce jardin c'est à toi que je le dois avant je n'avais que des pierres à perte de vue.
Le vieux mage lui résuma la situation. Le troll écouta avec attention.
— Stanislas sera en effet un bon compagnon. Il faudrait que chaque énigme soit une représentation des clans du monde de la nuit. La vieille sorcière nous aidera aussi. Il faut que Stanislas s'efface à un moment et que Clara doive terminer le pont pour le sauver.
— J'espère que le jeune comte sera assez bon comédien.
Le vieux mage partit pour le comté de la nuit il devait aller voir les chefs de clans et la vieille Mama Yaga, la seule personne à être plus puissante que lui. Il récolta les énigmes de chacun et enchanta les portes puis il retourna prévenir Ouf que l'aventure était prête. Le chambellan nota dans son registre « Arrivée de Clara, cellule du Manoir d'Emeraudes du jeune prince Stanislas »
Le lendemain peu après l'arrivée de Clara dans le royaume des deux comtés, le vieux mage retourna voir Urbain. L'apparence de la dimension de poche avait changé un salon avec deux fauteuils, un miroir et une table basse garni de victuailles remplaçait le potager.
— La jeune Clara s'est échappée avec le vampire, l'aventure réelle commence, ils ont pris la direction du pont, indiqua le troll assit dans l'un des fauteuils.
Le vieux mage s'assit dans l’autre, en prenant quelques bâtonnets de carottes dans une coupelles.
— Tout frais de mon potager, mon ami.
Ils regardaient la progression de la jeune aventurière à travers le miroir.
Clara venait d'arriver à la première porte qui faisait penser à celle d’un bateau, elle était ornée du Jolly Roger le sinistre symbole des pirates. La jeune fille frappa. Les capitaines Laurina et Janne apparurent. Deux féroces demoiselles à qui il ne manquait plus qu’un bandeau sur l’oeil et une jambe de bois pour ressembler aux frères de la côte. On les surnommait, à raison, les tueuses de Kraken.
— Clara, les sœurs de la côte te souhaitent le bonjour. Si tu veux passer tu devras répondre à notre énigme :
« Je suis toujours dans mon armure scintillante, toujours dans l’eau et pourtant jamais ne rouille »
La jeune fille réfléchit un moment.
— C’est un poisson, son armure ce sont ses écailles » répondit Stanislas
La porte disparut dans un nuage de fumée et les aventuriers progressèrent jusqu’à la seconde.
— Ah, l'énigme du clan de Loukhi, c’est le nouveau représentant des loups, déclara Urbain.
— Nous avons dû beaucoup travailler pour lui apprendre à dire au revoir ni merci et à ne point hurler sur son père ou menacer de tuer son petit frère. Encore une fois c'est Stanislas qui va répondre je suppose, commenta le vieux mage en croquant dans une carotte.
— Quel est le nom de la mère de Mowgli ?
— Akela bien sûr, répondit le jeune vampire.
— Tu avais raison avec l'aide du vampire ils viennent de passer la porte. Elle va maintenant passer sous la mienne. Mon portail va tester son cœur et ses intentions.
— Je vais te raconter l’histoire de ce pont, déclara Stanislas à la jeune fille. Il y a longtemps c’était un pont en bois qui se trouvait là, mais un Troll énervé a cassé le pont et déclenché un immense combat entre les monstres et les chevaliers. Les monstres voulaient tuer le Troll car il avait cassé le pont mais il fut sauvé par les chevaliers. Le troll s’excusa et répara sa bêtise et le mal qu’il avait fait. Il donna son cœur au pont et la grande fée lança un sortilège, seul une personne honnête avec de bonne intention peut passer ce pont désormais »
La jeune fille prit peur. Le troll allait-il la laisser passer ? Elle ralentit un peu, regarda le visage souriant du Troll au-dessus d’elle sur le linteau du pont. Le visage continua de sourire et elle passa sous lui sans encombre. Sans savoir vraiment ce qui l’avait inquiété la jeune fille poussa un soupir de soulagement. Les deux amis arrivèrent à la prochaine porte, située en plein milieu du pont.
C’était une porte en bois ronde, décorée de houx et de sapin. Au bas de la porte se trouvait deux pattes de poulet.
« C’est la porte de Mama Yaga, la sorcière suprême, sa maison a des pattes de poulet. Si, quand tu arrives par la route tu vois le dos de la maison ne va pas la voir, elle te rôtirait, te mangerait et se servirait de tes os comme décorations. Par contre, si tu vois sa porte alors tu peux frapper, elle t’aidera et te servira du thé et des petits gâteaux. »
La jeune fille frappa donc à la porte. Une vieille femme portant une robe noire un tablier blanc bordé de rouge et un fichu vert leur ouvrit :
« Qui flotte et pousse quand il ne dit pas la vérité ? demanda t’elle.
- C’est Pinocchio madame, répondit Stanislas
— C’est juste, mais tu aurais pu laisser ton amie répondre. Elle avait la réponse, je le lis dans ses pensées. Tu dois apprendre qu'il n'y a pas que des mauvais perdants, mais aussi de mauvais gagnants.
Même si Stanislas savait que cela faisait partie du plan, la remarque de Mama, le blessa. Il était vrai qu'il avait la victoire un peu facile.
- Au revoir madame répondit Clara faisant une révérence.
- Merci votre majesté et bonne journée répondit Stanislas»
Mama Yaga referma sa porte. Des pattes de poulet sortir du bas de celle-ci et la porte partit en courant vers la forêt sombre. Les deux amis poursuivirent.
— Et voici la dernière porte, déclara Urbain, la véritable épreuve.
— Oui regardons comme la jeune Clara va s'en sortir, répondit le vieux mage en se redressant dans son fauteuil.
C’était une porte en bois décoré de maïs et de luzerne.
« C’est la porte des épouvanteurs, c’est un clan de fermiers qui n’a pas respecté la nature et rasé des arbres et tué des animaux pour agrandir ses champs. Les sorcières les ont punis depuis ils doivent protéger la nature et les champs en cultivant les légumes pour les autres créatures, ils portent une horrible citrouille sur la tête, expliqua Stanislas à la jeune créatrice. Je te lis l’énigme car je n’ai rien compris. Trois roues complètes et parfaites t’ouvriront la voix?
- On a toujours besoin d’un plus petit que soi. Je sais faire la roue on l'a appris à l'école. Pas de soucis je te fais ça, affirma Clara.
Clara recula et commença son enchaînement qui se termina devant la porte en bois.
Cette dernière s’ouvrit pour laisser passer les deux amis. C’était la fin du pont et devant eux se dévoilait le comté des fins heureuses.
Clara s’émerveilla devant la forêt des animaux qui parlent, elle tenta de discuter avec les petits lutins bleus mais ne compris rien à leur langage. Ils traversèrent le village où les gens n’ont peur de rien.
— Finalement nous avons aussi donné une leçon au jeune Stanislas, déclara Urbain.
— C'était une idée de Mama qui n'avait pas apprécié la victoire du jeune comte aux échecs.
— Quel bonne idée. Je vais retourner à mon potager, mon vieil ami. Reviens me voir quand tu veux, ma vie de pont est si monotone.
— Je vais aller consulter le registre et je reviens au plus vite. Au revoir mon pote âgé.