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Les univers des deux comtés Des contes gratuits pour petits et grands

Romaric fin

Léo partait pour la première fois loin de ses parents. Lorsqu’il se couchait, ce qui lui manquait le plus, c’était l’histoire du soir. Il finit tout de même par fermer les yeux.

Quand il les rouvrit, il se trouvait sur une colline surplombant un champ de bataille. Des chevaliers, des sorcières, des vampires, et même des trolls, combattaient ensemble contre des êtres vêtus de noir, qui semblaient les absorber entièrement, petit à petit.

– Jeune homme, ce sont des êtres du néant qui puisent leur force en enlevant l’imagination des créatures de ce monde.

– Vous êtes qui ? Demanda Léo à l’étrange homme masqué assis sur une souche.

– Je suis Maître Romaric, chef des Baladins. Je consigne, pour l’archiviste, le récit de la bataille.

– Vous n’y participez pas ?

– Rarement, sinon nous n’avons pas assez de recul pour écrire nos récits.

Léo remarqua la plume arc en ciel que tenait l’étrange personnage. L’homme ne semblait avoir ni feuille ni carnet.

– Pardonnez ma question, mais, sur quoi écrivez-vous ?

– Sur l’un des carnets de l’archiviste. C’est très pratique car, si je venais à me faire attaquer, je n’aurais qu’à tracer un SOS avec ma plume, et le bibliothécaire m’enverrait de l’aide.

Léo n’avait pas tout compris, sinon qu’il était dans une de ses histoires favorites, dans un chapitre qui restait à écrire. Soudain, une jeune sorcière apparut devant le curieux baladin. Comme lui, elle portait une broche avec une plume et des ailes.

– Ambre, je t’écoute, que se passe-t’il ?

– Chad a vaincu Viviane. Elle est retournée au néant.

– La bataille est gagnée !

– Pas totalement. Les séides du néant n’ont pas disparu.

– Ganaël a pourtant vaincu les six incarnations. Ce pourrait-il qu’il y en ai eu sept ?

– Une troupe de paladins, accompagnant la grande fée, tentent d’accéder au centre du Manoir pour le découvrir.

– Alors, allons-y. Je veux que mon récit soit au plus près de l’action. Gamin, comment t’appelles-tu ?

– Léo.

– Veux-tu venir avec nous ?

Léo hésita un instant, mais il se dit que, comme il rêvait, il ne risquait rien.

– Je vous suis !

– Alors prend la main d’Ambre et ne la lâche pas.

Ambre fit le lien entre eux deux et, en un éclair, ils se retrouvèrent près du château. Malheureusement pour eux, ils apparurent en plein dans une zone entourée de séides et ils furent capturés.

Ils furent enfermés dans les cachots du manoir. Ils retrouvèrent plusieurs héros, des paladins et des baladins, comme Elna et Morgan.

– Nous serons exécutés à l’aube, déclara un paladin, envoyés aux néants !

– Pourquoi ne nous ont-ils pas tués tout de suite ? Demanda Léo.

– Ceux qui nous ont capturés étaient des pirates, enrôlés par les six incarnations. Mais ce ne sont pas des créatures du Néant, juste ses alliés. Eux, nous les verront demain, pour notre exécution.

Le moral, dans le cachot, était au plus bas. Léo remarqua quelque chose d’étrange : les paladins capturés, pourtant si forts sur le champ de bataille, semblaient résignés à leur sort ; alors que les baladins, eux qui n’étaient pas des combattants mais de simples troubadours, gardaient espoir. Tout le monde avait peur. Romaric se leva et se mit au centre du cercle.

– Vu que c’est notre dernière nuit, je vais vous raconter une histoire. Celle d’un enfant esclave qui a découvert qu’il avait un pouvoir de vision.

Romaric raconta ainsi, pendant toute la nuit, l’histoire de cet enfant. Tout le monde était accroché à son passionnant récit aux multiples rebondissements.

Léo remarqua que, étrangement, au fur et à mesure du récit, plusieurs gardes avaient disparus, comme si le retour de l’espoir et de l’imagination avait eu raison d’eux. Au matin, un homme habillé de jute, le regard hirsute et les cheveux blancs sales, vint les trouver.

 

– Suivez-moi !

 

Étonnés, les prisonniers suivirent l’homme qui les conduisit à la salle principale. Il s’assit sur le trône et les fixa étrangement.

 

– Qui c’est, celui-là ? Demanda Léo, qui n’était pas rassuré.

– C’est le Néant, lui répondit gravement le chef des baladins.

– C’est ce monsieur qui déteste les histoires ?

– Oui.

Léo regarda autour de lui et s'avança devant tous les autres. Il prit la parole et commença une histoire. Une qui venait du fond de sa mémoire. Sans doute la première histoire qui l‘ avait fait sourire, qui lui avait apporté un peu de bonheur. Pas la première qu’on lui avait racontée, mais la première dont il se souvenait. Il occupait l’espace, parcourant la pièce, ressemblant à un avocat présentant sa plaidoirie. Il bougeait, tout en narrant son récit, dans toute la pièce. Le néant, intrigué par ce petit bonhomme qui osait le défier, n’avait pas bougé d'un cil. Léo avait récupéré la plume de Romaric, que les pirates avaient déposée sur une table. Il s’en servait pour ponctuer son récit, traçant des arabesques dans les airs. Alors qu’il commençait à perdre le fil de son histoire, ce fut Morgan qui prit la plume et la suite. Puis ce fut le tour de la princesse des cœurs, puis Ambre la jeune sorcière et, enfin, alors que le soleil se couchait, maître Romaric prit la parole. Son récit dura toute la nuit.

 

Au matin, le Néant sourit. Alors apparut Le Professeur, l'ultime gardien de l’imagination. Il était accompagné par les trois frères, ceux là-même qui avaient déjà affronté le Néant. Encore une fois, l’imagination avait eu raison de lui. Les récits de Léo et des baladins qui l'avaient suivi, avaient affaibli les troupes du néant, permettant aux secours d’arriver jusqu’à eux. Le Néant regarda Le Professeur, son frère, droit dans les yeux, sachant qu’une fois de plus il avait échoué à faire disparaître l’espoir et l’imagination du cœur des hommes. Il s’évanouit en fumée pour ne plus jamais revenir.

Tout le monde se congratula et remercia Léo d’avoir gardé l’espoir et rendu à l’imagination ses grandes lettres.

 

Léo promit de toujours garder l’imagination. Il se réveilla, fier d’avoir sauvé le royaume des deux comtés.

 

 

Le Professeur, rejoint par Chad, trouva une petite salle cachée derrière le trône du Néant, où se trouvait La Porte.

– l’imagination est revenue, Professeur. Que peut vouloir la Porte ? Demanda Chad.

– Cette porte n’est pas la mienne !

– Pourtant quelque chose me dit que vous allez la franchir ! Déclara Ganaël.

– Est-ce une des vôtres, messieurs ? Demanda le professeur.

– La mienne m’a emmené dans le monde des créateurs, où je fus marin, avant de devenir assassin et espion. Puis je suis arrivé ici. Répondit Ismaël

–Je ne me souviens plus de la mienne. C’était il y a trop longtemps, répondit Ganaël.

– Moi, c’était un Djinn, répondit Mesraël.

– Professeur, allez-vous laisser votre royaume sans surveillance ?

– Viviane n’est plus. J’ai laissez l’ile de l’aube à Sigismond. Après tout, il est le plus vieil habitant de ce monde. J’ai confiance en lui.

– Je viens aussi, déclara Chad.

– Vous, Chad ? Mais vous pourriez ne jamais réintégrer votre monde ! Moi, je n’ai jamais pu, en plus de 10 000 ans.

– L’ami, vous me voyez toujours avec ma candeur d’enfant. C’est ainsi que j’apparais dans ce monde. Mais j’ai 99 ans, je suis arrière-grand-père et mon petit dernier vient d’apprendre à lire. Ils n’ont plus besoin de moi.

Avec des sourires entendus, Romaric, qui restait là, leur serra la main.

– Je vous confie une plume à chacun. J’espère qu’elle m’apportera le récit de vos aventures.

Puis, le Professeur, Chad et les trois frères passèrent La Porte pour vivre, qui sait, de nouvelles aventures.

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