Romaric 2
Ici on l’appelait princesse Douceline au cœur d’or. Elle s’était donné pour mission d’apporter la poésie, l’écriture et le bonheur dans les villages reculés y compris dans le comté de la Nuit. Aujourd’hui elle avait une nouvelle mission. Quelqu’un avait attaqué les baladins, la célèbre bande de l’archiviste. Maitre Romaric le chef de la guilde l’homme aux milles histoires, toutes captivantes et surprenantes avait perdu la mémoire. Quelqu’un avait introduit volontairement un artefact maudit dans la guilde. Tous les baladins repartirent de par le royaume à la recherche d’un remède. Douceline partit en direction de la lande des seigneurs vampires. Elle voulait trouver le grand Stanislas le prince des vampires avec qui elle avait sympathisé lors d’un concert dans son château et lui demander son aide. Elle troqua sa belle robe et son diadème pour une tenue légère plus propice au voyage. Grâce au cristal que lui avait donné la princesse Chrysanthème, elle pouvait changer de tenue en un instant. Elle avait commencé son voyage depuis un moment quand elle entendit une enfant pleurer. Malgré l’urgence de sa mission, la princesse ne pouvait ignorer les pleurs d’un enfant. Elle finit par trouver une toute jeune fée.
Elle se pencha vers elle et lui demanda son nom :
— Je m’appelle Elea
— Et pourquoi pleures-tu ?
— Je dois écrire une chanson pour la fée Léloi, c’est la directrice notre école mais c’est trop dur.
— As-tu seulement essayé ?
La jeune fée regarda la broche des baladins de la princesse.
— Oui, mais je n’y arrive pas, ne pourrais-tu pas me l’écrire ?
— Ce serait tricher, non ? C’est comme mentir c’est un des interdits du royaume. Je vais t’aider à trouver les mots qui sont cachés en toi. De quoi doit parler ta chanson ?
— C’est un sortilège de renouveau pour le printemps, il doit parler de la nature et de sa magie.
— D’accord alors je veux que tu fermes les yeux.
La jeune fée comprenant qu’elle n’avait pas le choix, obéit.
— Je veux que tu t’imagines en hiver, il fait froid, tu es dehors car tu dois aller chercher du bois mort pour le feu, tu te dépêches pour rentrer te réchauffer. Soudain, tu vois quelque chose qui te fait dire que le printemps arrive, qu’est-ce que c’est ?
— Un perce neige qui vient d’éclore !
— Et puis ?
— Des animaux qui hument l’air en se réveillant.
— Très bien, quels animaux ?
— Il y a une famille d’ours, la maman et deux oursons, les petits sont contents de sortir et de pouvoir jouer après une saison à dormir, il y a aussi un cerf majestueux et deux petits renards.
—N’en vois-tu pas d’autres ? Regarde plus attentivement.
— Oui, je vois des loirs et une demi-douzaine de hérissons. Les marmottes, elles, dorment encore, on les entend ronfler.
— Et n’entends-tu rien d’autres ?
— J’entends les oiseaux dans les arbres et les cris des petits qui viennent de sortir de leurs coquilles et qui ont faim. Au loin, j’entends les grenouilles dans la mare.
— Voilà, tu as la matière pour ta chanson, écris déjà tout ça.
La jeune fée s’exécuta.
—Maintenant, il faut trouver les rimes et le rythme, je te montre pour le premier couplet et tu feras le reste.
Patiemment, alors qu’elle manquait de temps, la princesse montra à la jeune fée comment harmoniser son texte. Une fois que la fée eut fini sa chanson de sa voix d’or elle la chanta pour la princesse et chacune partit de son côté.
Elle allait franchir le pont du troll quand elle entendit un appel à l’aide. Elle rencontra un jeune chevalier.
— Bonjour jeune chevalier que vous arrive-t-il ?
— Je ne sais pas lire, j’ai trouvé deux fioles, l’une est un remède, l’autre un puissant poison. J’ai volé les deux aux trolls mais je ne sais lequel donné à boire à mon maitre.
Douceline se mit à sa hauteur et lui prit la main.
— Comment vous appelez vous jeune chevalier ?
— Je m’appelle Clément.
— Je vais vous apprendre à lire, jeune chevalier.
La princesse sorti un sablier et créa une bulle de temps. Le temps s’écoulait plus lentement à l’extérieur de la bulle qu’à l’intérieur. C’était un cadeau du vieux mage du royaume pour la remercier de l’avoir recueilli après l’incendie de son laboratoire. Une fois que le chevalier sut lire, la princesse brisa la bulle. Le jeune Clément la remercia et partit guérir son maitre. Douceline continua sa route.
Douceline entrait dans la lande quand le noir se fit. . Quand la princesse rouvrit les yeux, elle était dans une cage, dans un sombre sous-sol. Elle ne reconnaissait pas le château des seigneurs vampires, où pouvait-elle avoir atterrie ? Douceline venait d’entendre du bruit. Des hommes arrivèrent, si l’on pouvait encore qualifier ces créatures d’humain. Elle sonda leur cœur grâce à ses pouvoirs et ne vit que le vide, aucune imagination, aucune volonté, aucune empathie. C’étaient tout simplement des coquilles vides. Douceline s’aperçut en plus qu’on l’avait déposséder de son matériel magique. Elle avait pourtant toujours sa broche.
Elle commençait à perdre espoir. Un homme arriva, elle reconnut un sorcier qui vivait au porte de la lande, cet homme étudiait le royaume des morts, un des plus grands interdits du royaume. L’homme ordonna aux hommes de libérer la prisonnière. Sans un regard pour elle, il lui ordonna de le suivre. Elle se trouvait dans son manoir. Il l’amena dans la salle principale, l’ambiance était lugubre et sombre avec une décoration dédiée à la grande faucheuse. Après avoir renvoyé les serviteurs, il se dirigea vers son trône. La princesse n’en menait pas large. Il actionna un levier et ouvrit une pièce secrète. L’homme lui indiqua de le suivre à nouveau. La pièce ressemblait à un scriptorium avec un bureau incliné, des cartes de multiples royaumes parcouraient les murs, sur une table étaient déposés les effets personnels de la princesse. Une fois le passage refermé, l’homme retira son masque de fer.
— Bonjour Douceline, je suis Morgan, tu es dans une pièce magique protégée par un sortilège de silence, tout ce qui se dit ici restera entre ces murs.
La princesse ne comprenait pas les nouvelles informations de l’homme.
Il dévoila caché par un pan de sa cape, la broche symbole des baladins. Le dénommé Morgan psalmodia devant un miroir. L’archiviste apparut :
— Bonjour Douceline, tu as été sauvée par Morgan, la lande est aux mains du néant, n’ait aucune inquiétude pour Camille et Stanislas, ils se sont réfugiés dans les marais. Morgan est un voyageur comme toi. Je me suis servi de son passé pour confectionner ce personnage mais c’est un baladin il ne fait pas de recherches sur la mort mais sur le néant.
— Je comprends mieux, et pour maitre Romaric ?
— La jeune sorcière Ambre est venue me prévenir. Vous devez retrouver Ganaël le cartomancien, lui seul sait comment libérer maitre Romaric de sa malédiction. Fait confiance à Morgan, tu seras bientôt dehors.
Douceline ne savait plus à quelle divinité se vouer. Morgan remit son masque et la ramena au cachot.
Elle n’avait plus qu’à patienter. Soudain elle entendit du bruit et découvrit le jeune Clément avec un chevalier plus vieux à côté de lui. Le jeune chevalier lui remit un sac contenant toutes ses affaires et une pierre violette avec un creux à l’intérieur. Cela devait servir de presse papier pour étaler les cartes de Morgan.
— Votre altesse voici mon maitre. Nous sommes venus vous sauver et vous mener au seigneur Ganaël. Il est avec sa troupe dans le labyrinthe de maïs la dernière offensive va commencer.
La princesse remarqua la broche sur la cape du maitre de Clément, c’était le symbole des Paladins, l’ultime force protectrice du royaume.
— Dépêchons nous !
— Morgan a envoyé la plupart de ses hommes à la recherche de Stanislas. Le chemin est dégagé mais il ne faudra pas faire de bruit.
La petite troupe sortit du château dans le silence le plus complet. Une fois sortis de la lande, ils avisèrent une clairière.
— Je me présente Baron Marcellin de Jauris, Paladin de Roi le conteur. A votre service votre altesse. Grâce à vous, mon écuyer a pu m’apporter le bon remède.
Le Comté de la nuit était anormalement silencieux. Ils traversèrent la forêt des Hommes garous sans entendre un son, il n’y avait aucune sorcière dans le ciel, les trolls, les ogres ou même les sinistres gargouilles semblaient avoir tous disparus. Le labyrinthe de maïs était en vue quand soudain ils entendirent un miaulement terrifiant sur la droite. A peine remis de leur frayeur ils entendirent un deuxième miaulement à gauche puis un troisième. De multiples paires d’yeux félins apparurent.
— Nous sommes encerclés déclara Le Baron de Jauris.
Une vingtaine de chat Garou apparurent devant eux.
Clément, peu rassuré, tira son épée, Douceline toucha son cristal pour se mettre en tenue de combat et saisit son épée Vorpaline.
— Un cadeau de ce satané matou de Chester, s’écria le paladin.
Au loin, on n’entendit des tambours, puis des violons, une musique que tous reconnurent :
L’air des valkyries.
La patrouille des aigles arrivait, surmontée des fiers guerriers lutins bleus, devant la formation en V, se tenait le gardien de l’air, le grand aigle, et sur son dos, aux commandes de la bataille, se tenait une petite fée que la princesse reconnut :
— Douceline ! Grâce à toi j’ai eu mes ailes…. J’ai eu mes ailes !
Les sinistres chats furent rapidement mis en déroute.
Douceline eut peur quand Eléa se jeta dans le vide mais la jeune fée déploya ses ailes pour arriver devant elle.
— Les aigles vont vous couvrir. Dépêchez-vous, allez rejoindre le seigneur Ganaël, tout le monde vous attend.
Pendant le court trajet qui les séparait du campement, Eléa lui raconta son concours et comment Line lui a remis ses ailes de fées, puis l’arrivée de la fée Eric avec un message de l’archiviste prévenant de la capture de Douceline et son besoin d’assistance pour rejoindre le seigneur aux milles cartes.
— J’ai demandé la mission, je devais t’aider à mon tour ! On les a matés, ces sales matous.
Douceline vit le camp et avant de rentrer, elle se changea en princesse. A son arrivée les enfants qui pleuraient de peur séchèrent leurs larmes, les soldats reprirent du courage. Elle fut conduite à la tente des dirigeants, là l’attendaient Roi, sa femme Lilith et sa fille Chrysanthème, le vieux mage, la grande fée, la fée Cynthia et son fils Colin. Puis il y avait trois hommes un homme asiatique avec des cartes à jouer à la ceinture et d’étranges lunettes, Un homme en ninja avec une perruque de majordome se tenant toujours derrière Roi et enfin un paladin à l’armure d’or semblant venir du moyen orient. Les trois mages Ismaël, Mesraël et Ganaël.
— Bonjour à tous, Seigneur Ganaël, il y a urgence maitre Romaric a été envouté, il a perdu la mémoire.
— Au vu de l’urgence, il m’a été amené ici.
— Je n’ai pas trouvé de remède, on m’a dit que vous pourriez le sauver.
— Bien sûr avec votre aide.
— Je n’ai rien trouvé.
— Bien au contraire de nous tous, vous et vos compagnons, vous êtes ceux qui vous êtes le plus rapprochés du Néant. Il me faut une améthyste creuse pour ôter la malédiction et si mes sources sont exactes son dernier porteur est Morgan.
— La pierre que j’ai retrouvée dans mes affaires.
— Oui cela devait être sa manière de vous la donner discrètement.
Douceline donna la pierre à Ganaël qui se rendit à l’infirmerie. Romaric se trouvait là hagard les yeux vide.
Le cartomancien plaça l’améthyste sur le torse du baladin. Chacun retint son souffle.
Brutalement, le regard du baladin changea.
— Pourquoi êtes-vous tous là ? Nous avons une guerre à gagner et moi j’ai des ballades à composer et à écrire.