Les roux péteurs
Les roux péteurs
—
Pendant le repas dominical, Ethan ne put stopper une forte envie de péter en mitraillette. Sa maman, Lætitia, peu contente des problèmes intestinaux de son fils, lui demanda de sortir de table. Kevin, le petit frère, ne put s’empêcher de lancer un :
— Prout Prout son cucul.
C’en était trop pour Lætitia. Les deux enfants furent envoyés dans leur chambre pour se calmer.
Elle les fit mettre en pyjama et les prépara pour la sieste. Ethan, sentant le désarroi de son petit frère, prit un livre de contes et commença à raconter une histoire. Au bout d’un court instant. Les deux frères s’endormirent.
Quand ils se réveillèrent, ils se retrouvèrent sous un pont, ils entendaient le bruit de l’eau couler. Au loin, un amas d’objets hétéroclites servait de décoration. Des meubles usagés, sans doute jetés sous le pont, servaient de mobilier. Les deux frères se retrouvaient dans une petite cage, pas loin des fourneaux.
Sur la table se trouvait un plat de carottes et de pommes.
— J’ai peur, déclara Kevin d’une petite voix.
— Nous sommes dans une histoire des deux Comtés, c’est comme un rêve. Nous n’avons rien à craindre. Il faut juste trouver comment rentrer chez nous.
Le frère aîné se demandait quand même s’il n’y avait pas de risques. Il regarda tout autour de lui pour essayer de deviner quel monstre les avait attrapés. Il n’eut pas longtemps à attendre avant d’avoir la réponse.
Une famille de trolls arriva peu après. Elle était composée du père, qui avait des cheveux blonds et sales et un grand nez crochu ; de la mère, avec des bigoudis sur la tête et un tablier rose à pois blancs, et d’un fiston, beaucoup plus grand qu’Ethan, mais habillé d’une grenouillère comme si c’était encore un bébé.
— Ma Bibiche, tes trolls ont faim. Prépare-nous un bon repas.
— Je vais pas tout faire toute seule, tu chasses, je cuisine, mais lui, il fait pas grand-chose, à part me donner beaucoup de travail. Il va s’occuper du plus jeune, qu’on va faire au caramel.
Les deux frères tremblaient dans leur cage. Kevin s’était mis à pleurer. Le jeune troll le tira hors de la cage, lui ôta ses vêtements. Il le posa sur un plateau en bois enterré et, à l’aide d’un pinceau, lui tartina le corps d’une sauce caramel. Le jeune garçon, encore en larmes, se mit à rire et à se tordre sous les chatouilles du pinceau.
— Maman, maman, il est pas normal, il ne hurle pas ! C’est un sorcier, c’est un sorcier…
— Débrouille-toi ! J’ai déjà assez de mal avec celui-ci !
Ethan ne se laissait pas faire et donnait des coups de pied à la maman troll pour ne pas sortir de la cage. Elle finit par réussir, tant bien que mal, après avoir reçu une dizaine de coups. Elle l’allongea en travers de ses genoux, comme pour le corriger. Ethan se calma, même s’il était de moins en moins rassuré.
Son frère gigotait toujours, sous les coups de pinceau du jeune troll. Le père hurla qu’il ne pouvait plus entendre les sons de la nature, ou les futurs repas arriver, s’ils faisaient tant de bruit.
Ethan fut déculotté et la mère troll s’empara d’une carotte :
— Tu vas voir mon garçon, c’est comme un suppositoire.
Le jeune garçon, qui n’avait vraiment pas envie de subir ce supplice, recommença à gigoter, malgré la menace de la fessée, et lâcha un pet tonitruant. La maman troll se leva d’un bond et le laissa tomber par terre, tout en hurlant :
— Tu as raison, mon loupiot, ce sont des sorciers ! Il maîtrise le vent des fesses ! Au secours, nous allons mourir !
Ce fut la panique complète chez les trolls, qui quittèrent le dessous du pont en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Ethan remonta sa culotte et alla voir son petit frère qui était parti dans un éclat de rire sans fin. Il lui versa un seau d’eau sur la tête et lui conseilla d’aller dans la rivière, pour se laver du caramel qu’il avait sur tout le corps, avant de prendre un vieux torchon pour s’essuyer et se rhabiller.
Une fois les deux enfants propres et correctement vêtus, ils sortirent de l’antre des trolls pour rejoindre le chemin de terre.
Au bout d’un court instant, ils arrivèrent devant une route de briques jaunes.
— Nous avons de la chance ! Il suffit de suivre cette route vers l’ouest et nous arriverons au palais des fins heureuses. De là, quelqu’un nous dira comment rentrer chez nous. Si nous sommes encore attaqués par des trolls, il suffira de leur péter dessus pour les faire fuir. Je me demande si c’est pareil pour les vampires et les sorcières.
Soudain, ils entendirent un cri dans un champ de maïs. En allant voir dans cette direction, ils virent un lutin bleu qui était attaqué par un troll.
— Il faut sauver ce lutin, pétons sur le troll ! hurla Ethan à son frère.
Les deux frères coururent vers le troll, montrèrent leur postérieur et Ethan hurla :
— Voici le terrible vent des fesses, sale troll !
— Prout Prout cucul ! Cria Kevin.
Après un pet tonitruant des deux frangins, le troll s’enfuit. Le lutin se releva et leur serra la main pour les remercier.
— Vous devez atteindre le château des fins heureuses. Les humains ont oublié la puissance du nom secret : c’est un nom de héros qui est connu de vous seul. Dans vos cauchemars, vous pourrez toujours voir les monstres, mais ils ne vous embêteront plus. Ici, c’est pareil. Mettez un genou à terre.
Sans trop comprendre, les deux frères firent ce qui leur était demandé. Le lutin murmura à chacun un nom de grand héros qui les protégerait :
— Ne donnez ce nom à personne, sinon les monstres pourraient le savoir et vous attaquer.
— Merci, Monsieur lutin ! déclarèrent les deux frères en chœur.
Le lutin claqua des doigts et s’évanouit dans la nature.
Les deux frères continuèrent leur route. Soudain, un vampire s’approcha d’eux, ils étaient terrifiés. Le seigneur de la nuit passa à côté deux sans les voir.
— C’est ça, le pouvoir magique du nom secret ! déclara Ethan. Nous sommes protégés des monstres.
—Trop cool ! déclara Kevin.
Ils continuèrent leur route. Le monstre suivant était une sorcière. Ils lui firent plein de grimaces sans que la sorcière ne les voie. Les deux frangins était pliés de rire.
Ils continuèrent leur route et étaient presque arrivés au pont qui séparait le Comté des cauchemars du Comté des fins heureuses.
Une belle dame traversait le pont dans la direction inverse : elle avait une robe noire, un collier en forme de serpent, une couronne noire et des ailes de chauve-souris. Ethan et Kevin reprirent leurs grimaces. La dame les prit tous les deux par le col et les souleva à bonne hauteur.
— Je ne comprends pas, nous aurions dû être invisibles ! déclara Ethan, le nom secret nous protège des monstres.
Les deux enfants n’en menaient pas large.
— C’est parce que je ne suis pas un monstre, petit sacripant ! Je suis C, la terrible fée, souveraine du Comté des cauchemars. Heureusement que je suis pressée, sinon je me serais occupée de vos postérieurs ! En punition, je vais vous envoyer au château des fins heureuses.
D’un claquement de doigts, les deux frères se retrouvèrent devant le palais aux colonnes d’or et d’argent. Un vieux monsieur barbu, habillé d’une robe bleue parsemée d’étoiles, leur demanda ce qu’ils faisaient là. Lucas lui répondit qu’ils voulaient rentrer chez eux. Le vieil homme leur répondit qu’il leur suffisait de péter très fort. Malheureusement, tous les deux n’y arrivaient plus.
Le vieil homme les emmena dans son laboratoire. Il leur donna une limonade dont les bulles allaient vers le bas. Ethan et Kevin la burent et, d’un pet magistral, rentrèrent chez eux.
Leur maman arriva dans leur chambre et dit :
— J’ai été un peu sévère, tout à l’heure. En plus, vous n’aviez pas pris votre dessert ! Allez, venez manger.
Les deux enfants descendirent manger mais, pendant le repas, ce fut Kevin qui lâcha un pet tonitruant. La mère leva les yeux au ciel.
— Mais, maman, ce n’est pas grave de péter, ça fait fuir les trolls ! Les deux enfants rigolèrent de bon cœur.
— Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter cela ! déclara la maman avec un grand soupir.
Elle finit par rire avec ses deux fils.
—
Mestr Tom © Creative Commons BY SA