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Les univers des deux comtés Des contes gratuits pour petits et grands

Le royaume sans dessus dessous

Mestr Tom

La première apparition des enfants de la nuit : ici .

 

Dante était très content. C’était le jour de son anniversaire. Dans l’après-midi, il avait fait la fête avec ses copains. Pendant qu’il déballait ses cadeaux, on frappa à la porte et le jeune garçon fut très surpris et très content du visiteur qui n’était pas prévu. C’était le Grand Maître Conteur, qui lui faisait l’honneur de venir raconter de belles histoires le jour de son anniversaire. Un Maître Conteur, d’ordinaire, ne se déplace pas pour les goûter d’anniversaire. Son travail, c’est de transmettre des histoires qui viennent de la nuit des temps aux Conteurs, qui, eux, vont les raconter de par le monde. Dante avait vraiment de la chance que le Maître Conteur soit l’un des amis de sa maman. Ses amis avaient assisté au spectacle et étaient reparti des étoiles plein les yeux. C’était, selon certains, le meilleur anniversaire de l’été, voire de l’année. Le soir, il avait mangé à la table des grands, et il avait pu jouer à un jeu de dés avec le Grand Conteur. Pour s’endormir, il n’avait pas eu le droit à une histoire mais à trois, racontées par la voix forte mais chaleureuse du Grand Conteur. Avec tous ces événements, Dante avait du mal à s’endormir. Il pensait à la princesse Chrysanthème et à la cour de Roi, le conteur le plus vieux de tous les temps. Il tournait dans sa main un petit médaillon noir. C’était comme une pièce de monnaie. D’un côté, il y avait une femme avec des ailes de chauve-souris, et de l’autre une seule lettre, C. Dante avait trouvé le petit médaillon et il l’avait mis autour de son cou. Morphée fit enfin son œuvre et il s’endormit. Quand il se réveilla, il était dans un cachot. Il prit peur et se demanda où il était. Il vit, au-delà de la grille, des vampires qui discutaient avec un ogre qui s’appelait Mathéo. Dante su alors où il était : il avait fait de nouveau un voyage au pays des Deux Comtés, le pays de Roi le Conteur et Sombre la Reine des Cauchemars. Il devait se trouver dans le donjon du sinistre château de la nuit éternelle. Apeuré, pour ne pas dire terrifié, il regarda autour de lui ce qui se trouvait dans la cellule : il y avait deux paillasses qui sentaient mauvais, un peu de paille dans un coin, un pot de chambre et deux assiettes, deux verres et deux quignons de pain. Deux morceaux de pains ? Il y avait donc quelqu’un avec lui dans la cellule ? Il regarda un peu mieux, ses yeux s’étant habitués à la pénombre. Sur l’un des lits, ce qu’il avait pris de prime abord pour un drap, était en fait la jupe d’une jeune fille de son âge. Il tenta de la réveiller. La fillette, surprise de prime abord, fut contente d’avoir un compagnon d’infortune.

— Bonjour ! Je m’appelle Chrysanthème. Et toi ?

— Je suis Dante.

— Comme le chevalier ?

— Oui. Et toi tu es la princesse ?

— Non, je ne suis pas princesse. Je vis avec mon papa, qui est bibliothécaire au village des Cauchemars, et ma maman, qui est juste maman.

— Je croyais que seule la princesse s’appelait Chrysanthème au Pays des Contes de Fées.

— Je ne sais pas, mais je ne pense pas que nous ayons de princesse. La Grande Fée n’a pas de fille, et c’est elle qui dirige presque tout le royaume. Enfin, presque, car il y a le Village des Fins Heureuses qui résiste encore et toujours à la Grande Fée. Dante ne comprenait pas grand-chose, le royaume n’était plus celui décrit dans les histoires qu’il connaissait bien et qu’il appréciait. Visiblement, dans cette version de l’histoire, Roi se trouvait être un simple gardien de livres dans la partie la plus sombre du pays et Sombre réduite au rang de femme au foyer. Elle qui ne s’était jamais tellement occupée de sa fille. La Grande Fée n’avait pas pris sa retraite pour passer la main au Grand Conteur afin de protéger le royaume de la destruction quand les enfants se mirent à croire de moins en moins aux fées. Il s’étonna car la Grande Fée siégeait dans la Forêt des Lutins, dans le Grand Chêne et non dans le château des cauchemars. Dante compris que s’il voulait rentrer chez lui, il allait devoir remettre de l’ordre dans cette histoire. Pour cela, il devait d’abord sortir de la prison. Il se rappela du pouvoir magique de la princesse et espérait qu’elle le possède encore.

— Je sais comment tu vas faire, déclara le jeune garçon. Tu vas penser que tu es un vampire et claquer fort des doigts. Ensuite, tu sors de là et tu leur dis que tu dois me conduire en ville pour que le bourreau m’interroge.

— Ça ne marchera jamais.

— Tu as une autre idée ?

— Non.

— Alors on essaie ! »

Et ainsi fut fait, à la grande surprise de Chrysanthème. Une fois sortis du château, Dante voulut que la jeune fille l’emmène chez ses parents, il devait convaincre Roi et Sombre de redevenir ceux qu’ils étaient réellement. Il espérait que, comme leur fille, les deux plus grands conteurs du royaume avaient gardé leur pouvoir. Dante découvrit l’horreur d’une ville où tout n’était que peur et terreur. Des enfants pleurant et hurlant, terrorisés par les Loups Sombres, cuisinés par les trolls, fouettés par les sorcières ou encore transformé en vampires. Dante fut content d’être protégé par le déguisement de la princesse. Il avait été plus facile de convaincre la princesse qu’elle avait un pouvoir magique que ses parents, car même devant l’évidence du pouvoir de leur fille, ils ne voulurent pas admettre leur réelle identité. Ils étaient James et Lilith, deux personnes aimant la lecture et leur fille unique. Dante trouva une façon définitive de leur prouver mais il risquait gros.

— Je sais comment vous prouver que vous étiez bien Sombre et Roi, les deux dirigeants de ce pays.

— Écoutez, Jeune Homme, ce sera votre dernière chance. Nous vous remercions d’avoir sauvé notre fille. Mais nous ne sommes pas magiciens, le Vieux Mage est un rebelle qui vit au loin, dans le Village des Fins Heureuses et nous ne voulons rien avoir à faire avec lui !

— James, vous avez une ombre ?

— Oui.

— Et moi aussi ?

— Oui.

— Chrysanthème aussi ?

— Oui. Répondit une nouvelle fois le père de plus en plus agacé.

— Alors pourquoi Lilith n’a pas la sienne ?

Les parents furent surpris et ne trouvèrent rien à redire.

— Car l’ombre de la Reine des Cauchemars est devenue le Croquemitaine, il faut que vous retrouviez votre ombre. Il faut appeler le Père Fouettard.

— Non Dante ! Si tu l’appelles, il va nous enfermer dans un cachot pire que celui où nous étions.

— Fais-moi confiance ! S’il y a bien un être dans ce monde que la magie noire ne peut pas transformer, c’est bien Ombre.

 Dante se plaça devant le miroir et appela, par trois fois, la sombre créature qui apparut. C’était un être difforme, vêtu complètement de noir avec un sac immense à sa ceinture, un martinet, des chaines et quelques badines de noisetier. Chrysanthème prit peur et se cacha, recroquevillée dans un coin. Dante se dirigea sans aucune crainte vers l’homme qui essayait de l’effrayer.

— Laisse tomber, Ombre ! Je connais ton nom secret. Je sais qu’il n’y a que des sucettes dans ton sac, et que ton attirail te sert à chasser les cauchemars qui polluent les rêves des enfants. Tes chaines sont en argent, et avec tu captures les sorcières et leurs épouvanteurs. Et tu vas me dire, aussi vrai que les petits pois sont rouges, qui tu as devant toi.

— Maître, j’ai devant moi Roi, Sombre et Chrysanthème que nous cherchons avec le Vieux Mage depuis que le monde ne tourne plus rond.

— Et qui sont-ils ?

— Les dirigeants de ce royaume et la princesse, ma meilleure amie, celle qui m’a donné mon nom secret grâce auquel nul être de magie n’a plus de pouvoir sur moi.

— Le nom secret ? demanda James.

— Oui. Un nom donné par un ami qui vous est cher a une part de sa magie. Le nom secret vous protège des monstres et les mages noires n’ont plus de pouvoir sur vous. La Grande Fée, personne ne sait d’ailleurs son nom, a dû trouver le vôtre et vous a emprisonnés ici. C’est pour cela que le dirigeant du Palais des Fins Heureuses prend le prénom de Roi. Car ainsi, tous ignorent son vrai nom. Et vous, Dame Lilith, vous avez pris celui de Sombre pour que nul ne se souvienne de votre vrai nom et n’aie de pouvoir sur vous.

— Que faisons-nous maintenant ?

— Grâce à nos pouvoirs, je vais pouvoir nous transporter dans le Village des Fins Heureuses et nous préviendrons le Vieux Mage.

Tous se tinrent la main, même si Chrysanthème préféra prendre la main de Dante et de sa mère, pour ne pas à avoir à toucher l’homme au costume noir. En un instant ils se retrouvèrent sur la place du Village des Fins Heureuses avec des gens qui vivaient normalement, des enfants qui riaient et jouaient dans les flaques d’eau en allant gaiement à l’école. Certains profitaient du chemin pour jouer au cerceau, aux billes ou au cerf-volant. Quand ils croisaient une créature comme un lutin, une fée ou un homme-arbre, les garçons soulevaient leur casquette pour le saluer, les filles saluaient d’un signe léger de la tête ou de la main. Dante vit même un groupe de filles faire la révérence sur le passage d’un chevalier. Ombre conduit tout le monde au château voir le Vieux Mage. Ce fut l’euphorie sur leur passage car chacun des sujets reconnut la famille royale enfin retrouvée. Un banquet fut annoncé et ce fut la joie. Quand le Vieux Mage apparut, Dante le reconnut. Il s’agissait de son ami le Maitre Conteur. Dante remarqua que, malgré cela, la cour se remplissait de soldats inquiets. Et si le retour des trois disparus était une bonne nouvelle, la guerre contre la Grande Fée n’était pas encore gagnée. Dante se retrouva sur la terrasse du palais, et là, il put voir l’horreur de la guerre. La Forêt des Lutins avait brûlé, le Village Sans Peur était contrôlé par les sorcières. Seul le Village des Fins Heureuses, protégé par l’énergie du Vieux Mage, tenait encore. Mais celui-ci s’épuisait à maintenir la barrière, qui ne tiendrait bientôt plus.

— Dante, voici le dernier rempart du royaume.

— Je n’ai pas vu Ouf, il ne devrait pas servir le roi ?

— Ouf a été kidnappé par les épouvanteurs quand ils ont envahi les champs de canne à sucre

— Line ?

— Emprisonnée par le chat que l’on ne voit pas.

— Celui au sourire diabolique ?

— Oui.

— Il ne perd rien pour attendre, je connais son véritable nom. Et Justin notre chevalier maladroit ?

— Il se cache, peureux comme à son habitude. Il n’est pas au village, j’espère qu’il a une bonne cachette car les armures vides le cherchent.

— Vous êtes puissant, le roi et la reine aussi. Alors pourquoi la Grande Fée a-t-elle pu dominer le royaume ?

— Nous pensions que les fées s’étaient retirées. Seule Line restait à la cour, mais la Grande Fée a été réveillée, elle connaissait le vrai nom de Roi et de Sombre et les a enchantés, Heureusement, elle ignore le mien. Sans mon nom, ses pouvoirs sont impuissants. Je ne comprends pas comment elle est devenue aussi terrifiante. Je pense que c’est parce que les enfants ne croient plus aux fées ni aux histoires de ce royaume.

 Dante faisait tourner son médaillon quand il comprit quelque chose.

— Si vous aviez son nom, vous pourriez vaincre la Grande Fée ?

— Oui. Mais elle est trop vieille pour que personne ne se souvienne de son vrai nom.

— Je pense qu’elle n’est pas si vieille que ça, et je pense savoir qui se cache derrière la Grande Fée.

— Je crois que je comprends. Nous avons une chance, mais tu risques très gros !

— Je suis prêt à prendre le risque.

— Alors allons-y ! Mais avant, écoute-moi bien.

 Le Vieux Mage murmura un nom à l’oreille de l’enfant, lui demandant de le garder pour lui et de ne le dévoiler à personne d’autre. D’un claquement de doigts, le Vieux Mage et le jeune garçon se retrouvèrent dans la cour du sombre château et furent rapidement maitrisés. Mais aucune des sorcières ni aucun des vampires ne purent leur faire du mal. Ils furent conduits dans la salle du trône, là où la fée siégeait. Voyant l’enfant, elle voulut lui jeter un sort pour le punir d’avoir quitté sa prison et d’avoir libéré la famille royale. Son maléfice échoua.

— Je vois ! Tu as la protection du Vieux Mage ! Mais ne crois pas que je ne peux t’atteindre ! Regarde plutôt !

Le jeune garçon vit, dans un coin de la pièce, ses deux meilleurs amis, les mains liés, terrifiés et en pleurs.

— Si je ne peux rien faire, eux peuvent payer le prix de ton audace ! Sans se démonter, Dante avança vers la sinistre fée. Celle-ci sourit. — Tu veux te rendre ? Alors courbe la tête, et je serai clémente. Je m’occuperai de ton châtiment personnellement.

Dante continua à avancer.

— La Grande Fée, la plus ancienne des fées, la gardienne du Grand Chêne ne ferait jamais de mal à un enfant. Ce sont les enfants qui lui font du mal, quand ils cessent de croire aux fées. Mais elle a choisi de se retirer du pouvoir, afin de laisser les jeunes enfants être encore plus émerveillés, comme l’ont été leurs parents et leurs ancêtres bien avant eux. Les rois conteurs sont là pour préserver la magie, même après la disparition de la dernière fée. Vous n’êtes pas la Grande Fée, vous n’êtes même pas la plus terrifiante d’entre elles, Je sais qui tu es ! »

La fée commença à trembler sur son trône. Comment un enfant si jeune pouvait ne pas avoir peur d’elle et comment pouvait-il savoir son nom ?

— Tu penses que je vais prononcer le véritable nom de ta mère. Elle est encore emprisonnée dans son cercueil de verre. Tu es Colin, le fils de la fée C

Alors, dans un tourbillon de poussière, la terrible souveraine redevint un petit garçon blafard et bossu.

— Je suis encore vaincu, mais ne croyez pas que vous n’entendrez plus parler de moi. Je finirai par réveiller ma mère, nous venger et installer un règne de terreur.

 

La guerre était gagnée. Les pouvoirs de Sombre, Roi et du Vieux mage reconstruisirent le pont du troll. Les créatures maléfiques furent renvoyées dans le comté qu’elles n’auraient jamais dû quitter. Justin, de retour au palais, aida un peu. Ouf et Line furent délivrés. Dante et ses amis, après avoir passé un moment dans la joie, participé au banquet final, rempli de lait de chèvre et de sanglier, retrouvèrent leur maison. Chacun s’aperçut que, malgré cette aventure, seules cinq minutes s’était écoulées. Ils se rendormirent alors, heureux de savoir que le royaume des contes avait été une nouvelle fois sauvé par le chevalier Dante.

 

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