Le piège de C.
Dans le sud de la France vivaient trois jeunes garçons ; Perceval, l’ainé, Lancelot, le cadet et Galahad, le plus jeune. Ils adoraient vivre à la campagne, et ils adoraient faire des acrobaties et vivre comme des baladins. Ce qu’ils aimaient par-dessus tout c’était les contes de
fées.
Un jour, alors qu’il visitait la ville de Pontivy, en Bretagne, Lancelot
aperçut une femme étrange, habillée de noir, avec deux bosses dans
le dos. La vieille dame marchait avec une canne mais ne semblait pas
en avoir besoin.
— Perceval, tu as vu ? On dirait une sorcière.
— Lancelot, tais-toi ! Ce n’est pas bien, elle pourrait nous entendre.
— Où ça la sorcière ? demanda Galahad, de toute son innocence. »
Alors la vieille dame se retourna et regarda les garçons.
Lancelot fut gêné, Galahad sursauta et Perceval, protecteur, prit ses frères par la main et les emmena plus loin. Alors qu’ils rentraient chez eux, Lancelot trouva une pièce noire sur le trottoir et la ramassa. Sur le dessus, il y avait marqué « Royaume des Fées » avec un château magnifique. Sur l’autre côté, se trouvait une fée avec des ailes de chauve-souris. En dessous, étaient gravés le chiffre 5 et le nom de
« C ».
— Ça devait être à la sorcière, déclara Lancelot.
— Tu devrais la laisser là, justement, enchaîna Perceval.
— Non, elle est cool ! Je vais la garder.
— Tu risques d’avoir des ennuis. Je t’aurai prévenu, reprit
Perceval.
Le soir, Lancelot mit la pièce sous son oreiller et s’endormit en
pensant aux contes de fées. Le lendemain matin, Lancelot avait
disparu. Perceval et Galahad ne savaient plus quoi faire. Il fallait prévenir
Moera et Neal, leurs parents. À peine les parents prévenus, on
frappa à la porte.
— Ce doit être Lancelot, vous allez voir ! Il va être content de sa
blague.
Ce n’était point son fils mais une ravissante jeune fille avec des
oreilles de chat.
— Ce n’était pas des bosses mais c’était ses ailes !
— Pardon ?
— Vos fils vous ont dit avoir vu une sorcière avec deux bosses…
c’était ses ailes !
— Et vous êtes ? demanda la maman, surprise.
— Je suis Line, apprentie fée. Ce n’est pas une sorcière mais une
fée. C’est la terrible fée C, elle a été bannie du château des fées.
— Je vais prévenir la police.
— Elle est prévenue. Sinon pourquoi serais-je là ? Je fais partie de la
police des fées, la seule qui peut agir. Je vais vous emmener dans
mon royaume, et là nous irons jusqu’au Château des Cauchemars pour
aller récupérer votre fils.
— Vous êtes une fée mais vous n’avez pas d’ailes ? demanda Galahad.
— Je suis une apprentie fée, si je réussis et que je prononce mon
serment alors j’aurai mes ailes.
— Je pars avec vous, mes enfants resteront avec leur père, déclara
Moera.
— Non il faut qu’ils soient là ! Ce sont des Créateurs. Les enfants ont
beaucoup de magie en eux et ils pourront nous être utiles.
La fée claqua des doigts et les trois aventuriers se retrouvèrent dans
la cour d’un château où une délégation les attendait.
— Je vous présente son altesse le prince des fins heureuses, le Gardien des Histoires Féeriques, déclara Line
— Je suis dans le château pour de vrai ? Demanda Galahad qui y croyait à peine.
— Oui, tu te trouves dans le Palais des Fins Heureuses, répondit le prince.
— Enchanté, votre altesse !
— La Grande fée notre souveraine est absente, je la remplace. Je vous présente Néante, la fée du sommeil, Licité, la fée de la méditation, et vous connaissez déjà Line, l’apprentie fée des chats. Vous êtes des Créateurs, alors imaginez le pouvoir d’un héros que vous voulez, et il sera vôtre.
— Je veux le pouvoir de grimper aux murs déclara Galahad.
— J’ai toujours rêvé de lancer un rayon
laser avec les yeux, répondit Perceval.
— C’est noté ! Je vous laisse partir pour le
Château des Cauchemars, conclut Léloi. »
Le début du voyage fut plaisant, le comté du jour étant magnifique.
La petite troupe suivait la route de briques jaunes qui reliait les deux
places fortes. Ils virent le Village des Marionnettes, tenu par un petit
garçon devenu sage. Ils virent aussi le Lac des Sirènes et l’Île des
Enfants Trouvés. Dans la forêt, des animaux qui parlent. Perceval les
trouva le langage des petits lutins bleus et roux très étranges. Les aventuriers arrivèrent
au pont de bois qui séparait les Deux Comtés. Il frissonna pour la première fois depuis qu’il était arrivé dans le royaume magique. Au loin, on voyait la pluie et la nuit. La petite équipe avança et malgré le parapluie magique offert par Lebothan, la fée météo. Le benjamin trouva qu’il faisait de plus en plus froid. Soudain, un éclair frappa l’un des arbres qui bordaient la route. Ce dernier, en tombant, leur barra le chemin. Perceval enleva ses lunettes de soleil. Après un premier essai qui roussit le bout de la queue de Line, l’aîné réussit à leur frayer un passage. La visite du Comté de la Nuit plut beaucoup moins à Galahad. Il regardait les panneaux indicateurs avec appréhension :
- Marais des Sorcières,
- Champ d’Épouvanteurs,
- Manoir de l’Ogre,
- Landes des Vampires.
Les aventuriers arrivèrent au Château des Cauchemars mais le pont-levis était fermé. Ce fut autour de Galahad d’utiliser ses pouvoirs. Il sauta le fossé, puis grimpa au mur jusqu’à la salle des gardes où il actionna le levier. Il permit ainsi à la troupe d’entrer.
Perceval, une main sur ses lunettes, était prêt à lancer un rayon laser
sur celui qui aurait voulu leur barrer la route. Ils se dirigèrent vers les
cachots et les trois ennemis furent rapidement maîtrisés. Point de
Lancelot dans les cachots, seul un homme habillé comme au temps
des celtes se trouvait là.
— Avez-vous vu un jeune garçon ? demanda Moera avec
appréhension.
— Oui, le jeune Lancelot. La fée sombre l’a emmené dans la salle du
trône. Il faut l’y rejoindre rapidement ou je ne donne pas cher de son
postérieur
La petite troupe, conduite par l’homme, trouva rapidement la
direction de la salle royale. Sur le chemin, le Conteur expliqua qu’il
s’était perdu en forêt et qu’il avait atterri dans ce royaume. Il avait
ensuite été emprisonné par la fée qui tenait son pouvoir de son
sceptre. Il leur expliqua une règle importante de l’univers : On
pouvait lancer un défi à la fée mais il fallait être sûr de soi car en cas
d’échec, les conséquences seraient sans appel.
Perceval pénétra dans la salle du trône armé de son plus beau sourire
et se présenta devant la reine.
— Que fais-tu là, jeune humain ? Tu oses sourire devant moi ? Tu
perdras cette vilaine habitude, crois-moi.
— Je suis venu vous lancer un défi.
— Un défi ? Intéressant répondit mielleusement la terrible souveraine.
— Je veux que vous me rendiez mon petit frère.
— Le sale gamin ? Je l’ai mis en cage, ça lui apprendra. Si tu réussis à
me faire rire, je le libère. Mais si tu échoues, je te présenterai mon
chat et ses neuf queues et tu rejoindras ton frère dans sa cage.
— Je suis sûr que je peux vous faire rire.
— Je n’ai pas ri en cinq cent ans mais essaye toujours.
— Quel est la couleur des petits pois ?
— Vert ! répondit la fée avec impatience.
— Non, rouge ! Car chacun sait que les petits poissons rouges. »
La reine sourit d’un tout petit sourire qui dégela son cœur de pierre.
— Bien joué, je le reconnais.
— Maintenant, libérez mon frère !
— Soit ! Je vais le libérer mais vous ne pourrez jamais retourner chez vous. Tu aurais dû mieux négocier ton défi, jeune humain.
La fée perfide agita son sceptre et le pauvre Lancelot retrouva son
frère. Ils furent rejoints rapidement par le reste de l’équipe et
Moera enlaça son fils pendant que le Conteur félicitait Perceval de
son exploit.
La petite troupe repartit alors pour le Palais des Fins Heureuses. En chemin, ils rencontrèrent une fée tout habillé de blanc avec des ailes en cristal, elle tenait un bâton ouvragé en bois blanc. Line mit un genou à terre, rapidement imité par le reste de la troupe.
— Je vous présente la Grande Fée souveraine du royaume magique.
— Je suis contente que vous ayez retrouvé votre fils
— Majesté, quand pourrons-nous rentrer chez nous ?, demanda
Moera.
— J’ai bien peur que vous ne puissiez jamais partir d’ici. C. a lancé un sortilège qui vous oblige à rester ici.
— J’ai la solution, déclara Lancelot.
— Je t’écoute, mon jeune ami.
— Si je vous lance un défi, vous devrez exécuter mon souhait ?
— Les lois de l’équilibre sont ainsi faites.
— Donc si je réussis, vous pourrez rompre le sortilège de la
méchante fée ?
— Oui, c’est l’unique solution qui me donnera assez de pouvoir.
— Alors je vous lance mon défi !
— Attention, si vous perdez, vous serez transformés en lutins,
vous resterez à jamais dans notre monde.
— Lancelot, sois sûr de toi ! Je veux rentrer à la maison, dit Galahad.
— Oui, et moi je ne veux pas finir en lutin ! déclara Perceval.
— Pourquoi doit-on appeler votre assistante Aféhine ? demanda
Lancelot.
— Je ne vois pas ! C’est ridicule, répondit la souveraine.
— Car elle n’a pas encore ses ailes.
— Je vois ! Tu es un petit garçon très doué et plein de malice, tu
remportes ce défi. Puisque Line a réussi sa mission, je
lui accorde enfin ses ailes.
Line sauta de joie et embrassa le jeune Lancelot, qui rougit de plaisir.
Ce fut alors le moment des adieux et le retour au monde réel. La Grande fée proposa au conteur de rester. Il accepta. Elle lui donna le prénom de Roi et il devint le
protecteur des histoires, jusqu’au jour où il décida de laisser sa place
et de devenir le Vieux Mage du château. Plus tard il prit le poste de Bibliothécaire, gardien
ultime des histoires d’hier, d’aujourd’hui et de demain.