La sorcière contre C.
Peter était content aujourd’hui c’était son anniversaire, il avait 7 ans. Un chiffre magique qui présageait à de grandes aventures. Dans plusieurs cultures, le septième fils du septième fils obtenait plein de pouvoirs. Lui n’avait qu’un grand frère, Antoine. Aujourd’hui il allait au centre commercial dans une nouvelle boutique de bonbons qui venait tout juste d’ouvrir. Une boutique immense avec une centaine de grands bocaux remplis de bonbons de toutes les couleurs et de toutes les formes. Sur une affiche sur la devanture il était annoncé que les enfants fêtant leur anniversaire avaient le droit à une razzia de 5 minutes dans la boutique. En clair, armé de sacs, Peter aurait cinq minutes pour les remplir, et tout serait gratuit. Accompagné de sa maman et de son grand frère, il se dirigeait vers la boutique. La veille dame à la caisse lui donna des sacs et lui rappela les règles : pas le droit de manger de bonbon dans la boutique. Au top départ, il aurait cinq minutes pour ramener le plus de sacs pleins sans se faire aider sur la balance. Et la règle très importante : Au gong, il devrait être revenu dans le cercle de départ. Sinon il aurait perdu. Antoine pouvait l’aider et lui crier le temps restant. Au gong, le jeune garçon se rua sur les premières colonnes de bonbons et commença à rapporter les premiers sacs sur la balance.
— Plus que 4 minutes ! cria Antoine.
Le jeune garçon commença à paniquer et trouva le temps finalement très court. Il s’aventura un peu plus au fond du magasin et il lui fallait plus de temps pour revenir sur la balance. Les sacs de bonbons furent plus petits car il fallait calculer le temps du retour.
— Plus que 2 minutes ! prévint Antoine.
— Déjà ?
Peter fila au fond du magasin et il vit ses bonbons favoris, il était tout au fond et s’il voulait revenir à temps, il ne pouvait remplir que deux sacs. Il fallait faire un choix : Il laissa deux sacs se remplir et pendant ce temps, il examina toutes les colonnes pour savoir, s’il lui restait du temps, vers laquelle revenir. Il avait mal joué il aurait dû commencer par le fond du magasin et terminer par les premières colonnes. Il découvrit une colonne de friandises qu’il ne connaissait pas : il y avait des sorcières, des vampires et des pièces étranges avec la lettre C et une fée aux ailes de chauves-souris.
— Plus qu’une minute ! Dépêche-toi ! hurla son frère.
Rapidement le jeune garçon enfourna une poignée de ses friandises dans sa poche et il récupéra ses sacs. Il courut vers les balances mais il trébucha sur ses lacets. Le gong retentit. Il était trop tard ! Quand il se releva, il vit que quelques choses n’allaient pas. Il n’était plus dans la boutique mais dans une grande cabane. Seule la moquette rappelait la boutique. Mais là, elle semblait avoir vécu des années, alors qu’auparavant elle était neuve. Il se trouva dans une cabane de branchage à l’odeur pestilentielle avec des chaudrons bouillants un peu partout. Au plafond, sur les murs et sur les étagères, il découvrit, avec horreur, des bocaux remplis d’yeux, des ailes de chauves-souris et des pattes de grenouilles.
— Je suis dans la cabane d’une sorcière, c’est pas vrai !
— Et si, Mon Garçon ! Déclara une voix grinçante derrière lui. Je suis la Mère des Sorcières. Leur reine, si tu préfères. Et je te tiens en mon pouvoir ! Une belle idée, cette boutique de bonbons ! Avant, nous employions les maisons de pains d’épices, dans la forêt !
— Qu’allez-vous me faire ? demande Peter les larmes aux yeux.
— Rien. Pour l’instant ! Malheureusement, notre monde à des lois régies par le Gardien des Archives. Nul ne peut lui désobéir, de crainte de voir son histoire effacée et de disparaître dans le Néant. Bref, si je veux vous garder, toi et ton frère, je dois te lancer un défi. Si tu réussis, vous retournerez dans la boutique au même moment que vous l’avez quittée. Sinon, vous serez à moi !
— Vous ?
— Oui, regarde qui est là !
La sorcière fit tourner la chaise devant elle et le jeune garçon vit son frère, Antoine, ligoté, bâillonné et complétement affolé.
— Sept de mes filles sont dispersées dans le Royaume de l’Ombre. Si tu les trouves toutes, alors tu auras gagné. Chacune d’entre-elles te dira dans quelle région est sa sœur. Mais attention ! Interdiction de passer le pont du troll pour aller chercher de l’aide ! Sinon ton frère passera à la marmite !
Peter avait peur mais il prit sur lui.
Il quitta la cabane et suivit les indications de la sorcières pour aller à la première des filles. Elle habitait dans la région du Maïs, où se trouvaient les épouvanteurs, ces créatures de la nuit sont comme des épouvantails mais leur cœur est contrôlé par une sorcière. Peter trouva la première des filles de la sorcière sans en croiser un. Il la détacha et elle s’enfuit vers la cabane.
— Ma sœur Valda est attachée dans l’allée des gargouilles. À toi de jouer, Mon Trésor !
Peter se rassura, ce n’était finalement pas si difficile, il trouva ensuite la route de brique jaune qui était plutôt terne dans le monde de l’Ombre. Il vit, à sa gauche, le fameux pont du troll et, au loin, un pays magnifique où le soleil brillait. À droite, se trouvait un château immense et terrifiant où il n’avait pas du tout envie de mettre les pieds. Il prit à droite et continua son chemin. Il trouva un panneau indicateur avec plusieurs lieux, tous plus effrayants les uns que les autres. Il y avait : Le Marais des Sorcières, la Lande des Vampires, la Grotte de l’Ogre, la Forêt des hommes-garous, le Champ des Épouvanteurs, le Cimetière des Spectres, l’Allée des Gargouilles, le Château des Cauchemars. Peter remarqua qu’en plus du marais il y avait sept lieux (et oui sept est toujours un chiffre magique) et sept filles. Il allait donc devoir tous les visiter, y compris l’odieux Château des Cauchemars. Il continua la route de briques jaunes et vit au loin l’Allée des Gargouilles. Il y avait une série de colonnes, de chaque côté de la route. Sur le chemin, il trouva un caillou en forme de cœur qu’il ramassa. Il fut surpris par la chaleur du caillou mais il le mit dans sa poche. Arrivé à la hauteur des colonnes il vit qu’au fond une gargouille manquait et qu’elle avait été remplacée par une sorcière.
— Je suis Valda. Ne fait pas de bruit ! Si tu réveilles les gargouilles alors elles te dévoreront !
Peter commença à paniquer mais il ôta ses chaussures et avança prudemment, en essayant de faire le moins de bruit possible. Il se retenait de pleurer. Jamais, même dans ses pires cauchemars, il avait été entouré d’autant de monstres. Il se rassura en se disant qu’ils étaient endormis. Il réussit à se faufiler jusqu’à la sorcière et il la détacha.
— Ma sœur Grinda est attachée dans la Lande des Vampires. À toi de jouer, Mon Mignon ! lui murmura-t-elle dans le cou avant de partir rejoindre sa mère.
De retour au carrefour, il prit la direction de la Lande des Vampires.
À peine Peter fut-il arrivé sur le territoire des suceurs de sang qu’il s’évanouit. Il se retrouva dans une cage avec un épouvanteur … vivant.
— Je ne suis pas dangereux, Petit d’Homme ! Je veux juste un cœur. Je me suis enfui des champs, mais le chasseur m’a rattrapé.
— Le chasseur ?
— Oui, c’est un vampire au service des sorcières. Il ne vit que pour la chasse. Le reste ne l’intéresse pas. C’est lui qui t’a capturé. Je sais qu’il y aussi Grinda, une sorcière, dans une autre cage. Si j’avais un cœur, je pourrais nous délivrer.
— J’ai trouvé ça, répondit le jeune garçon tendant le caillou qui était encore tiède.
— Tu as un cœur de gargouille ? L’un des cœurs les plus puissants ! S’il te plait, mets-le-moi dans la poitrine et je t’aiderai !
Peter n’avait pas confiance envers l’épouvanteur mais il n’avait pas vraiment le choix. Le monstre ouvrit son gilet et le jeune garçon découvrit la paille qui le composait.
— Tu verras, à l’intérieur tu as un trou noir. C’est la place de notre cœur qui est retenu par les sorcières. Mets celui de la gargouille à la place !
Le jeune garçon trouva le trou béant et y inséra le cœur de la créature de pierre. Soudain, l’épouvanteur se leva. Il était plein d’énergie. Il cassa la porte de la cage puis sortit.
— Il faut libérer Grinda !
— Pourquoi ? C’est une sorcière ! Nous sommes leurs esclaves depuis la malédiction de notre village.
— J’en ai besoin pour sauver mon frère et puis je t’ai donné un cœur.
— C’est vrai ! Sauvons-la donc !
L’épouvanteur brisa le verrou de la cage de Grinda qui en sortant prit son balai et s’enfuit en déclarant :
— Jeune Humain, je t’aurais bien dévoré mais ma sœur Octra t’attend chez l’ogre Mathéo ! Fais attention à toi ! Tu pourrais te retrouver dans sa soupe !
L’épouvanteur regarda la sorcière partir au loin avec un certain soulagement puis il déclara :
— Je sais comment faire pour aller plus vite ! Monte sur mon dos ! Tu peux m’appeler Glour !
Le jeune garçon, peu rassuré mais pressé d’en finir, accepta. Il avait tort car c’est bien un des premières règles du monde de l’Ombre : Ne faire confiance à personne ! Au lieu de l’emmener chez l’ogre, sous le prétexte de prendre un raccourci, Glour emmena le jeune garçon au château. Quand il ouvrit la porte du souterrain qui devait le mener à l’ogre, c’était en fait la salle du trône. Les gardes le firent prisonnier et il découvrit la maitresse des lieux : Une très belle femme aux cheveux longs et noirs avec une longue robe et de puissantes ailes noires. Même si elle semblait gentille, Peter, en voyant sa couronne d’ébène garnie de pierres noires, comprit qu’il était devant la reine de ce pays de terreur. «
— Tiens, un mortel !
— Et un ami des sorcières, Ma Reine ! déclara Glour.
— Je vois. Et toi, que faisais tu chez le chasseur ? Tu as quitté tes champs ?
— Seulement pour vous servir ma reine !
— Et toi, Jeune Créateur, que viens-tu faire ici ?
— La Mère des Sorcières, elle avait une boutique de bonbons et pour mon anniversaire avec mon frère, Antoine, on a été capturés et pour le sauver je dois retrouver les sept filles de la sorcière, déclara le jeune garçon sans reprendre le moindre souffle.
— Je vois. J’ai puni la Mère des Sorcières car elle essaye de prendre ma place et j’ai demandé au chasseur de lui prendre ses sept filles. Je vois qu’elle se sert d’un humain pour essayer de contourner mon interdit. Bien, qu’il en soit ainsi ! Glour, en punition pour avoir quitté tes champs et d’avoir trahi ta parole tu iras chercher les sorcières manquantes. Tu trouveras Putrida dans mes cachots. Libère-les toutes !
— Bien, Ma Reine !
— Et toi, Mon Jeune Ami, sais-tu qui je suis ? »
Peter avait déjà vu la femme aux ailes de chauves-souris. C’était sur les bonbons noirs. « — Vous êtes la reine C, du Monde des Cauchemars !
— Je vois que tu connais tes classiques ! Mais je suis surtout une fée, celle que tous les petits enfants détestent et redoutent tous. Mais tu m’amuses ! Et tu vas pouvoir m’aider contre les sorcières. Alors je vais te laisser partir. Va retrouver Cardina, la Mère des Sorcières, et dis-lui que tu as délivré toutes ses filles ! Rappelles-toi d’une chose : La plus puissante des sorcières s’appelle Mama Yaga et elle peut faire disparaitre définitivement une vilaine sorcière.
Peter n’en menait pas large. Il remercia timidement la terrible fée et repartit pour la cabane de Cardina. Il se demanda, d’ailleurs, comment la terrible femme pouvait porter le nom de la jeune fille qui en avait brûlé une pour sauver son frère Hansel. Arrivé à la cabane, il vit Cardina et ses sept filles, toutes réunies.
— Alors, Sale Rejeton, on est parti voir la fée C ? On est parti demander de l’aide ?
— Je n’ai pas passé le pont ! Se défendit le jeune Peter.
— C’est vrai, c’est vrai ! Mais les sorcières n’ont aucune parole, vous allez nous servir de déjeuner, toi et ton frère. Yolga, allume le feu sous la grande marmite !
— Oui, Mama répondit la vieille dame en faisant un clin d’œil à Peter en désignant la poche du jeune garçon
Peter pleurait. Il ne savait plus quoi faire. Il mit les mains dans ses poches, cherchant en vain quelque chose qui pourrait l’aider. Il trouva les bonbons en forme de sorcière. Il se dit que c’était ses derniers bonbons avant de mourir. Il en manga un. Soudain, Varda disparut, au grand étonnement de ses sœurs. Il en mangea un deuxième et Putrida disparut à son tour. C’était à présent dans le camp des sorcières que la panique s’installa. Peter comprit alors le conseil de la vieille dame. Il compta rapidement les bonbons qu’il avait dans la poche et comprit qu’il avait gagné. Il fit signe à son frère, Antoine, qui n’en menait pas large, que tout allait bien se passer et avant que les sorcières n’aient compris ce qui se passait et aient le temps de réagir, il enfourna les six derniers bonbons et les croqua. Ils se retrouvèrent dans la cabane vide. Antoine n’avait plus ses liens et Yolga avait repris sa véritable identité.
— Merci de m’avoir délivré ! Je vais vous faire un cadeau ! C’est une des règles de ce monde : Si les créatures diaboliques connaissent votre nom alors elles peuvent vous faire du mal. Je vais vous donner, à chacun, un nom secret. C’est comme un deuxième prénom connu de vous seul mais il vous protège des êtres diaboliques.
— Toi tu n’en auras pas ?
— Seule ma maison connait mon vrai prénom. Les autres m’appellent Mama »
La sorcière leur murmura un nom à l’oreille, connu d’eux seuls, et les laissa repartir en direction de la route de briques jaunes. À peine avait-il passé le pont qu’ils rencontrèrent un vieil homme avec une grande robe bleue remplie d’étoiles. Ce dernier les renvoya chez eux. Peter rouvrit les yeux. Il se trouvait à côté de son frère.
— Attention, Mon Garçon, au gong tu auras cinq minutes pour prendre un maximum de sucreries !
Peter avait à présent compris la meilleure technique et il prit un maximum de sacs et fila au fond du magasin, là où se trouvaient les plus intéressants.
Il remplit trois sacs des sucreries en forme de monstre, car cela pouvait encore servir, et quand son frère lui donna le top il revint avec tous ses sacs en faisant attention de ne pas tomber. La vendeuse fut émerveillée. Il avait, à lui tout seul, rempli 20 sacs de bonbons, le record de la boutique.
— Merci C, déclara le jeune garçon à la vendeuse.
—. Bonne journée et ne mangez pas trop de bonbons car sinon je vous envoie mon croque mitaine ! »
Les enfants remercièrent la terrible fée. Antoine aida son frère à porter les sacs. Le soir, Peter fit un cauchemar. Mais alors que le monstre passait devant lui, ce dernier l’ignora. Il ne connaissait pas le nom secret du jeune garçon et ne pouvait donc ni le voir ni l’attaquer. Le lendemain Peter voulut remercier la terrible fée C. mais la boutique avait déjà disparu.