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Les univers des deux comtés Des contes gratuits pour petits et grands

Hubert

Mestr Tom

Hubert n’aimait pas l’école. Non pas qu’il n’aimait pas apprendre, il adorait lire et s’instruire mais l’école s’était le terrain de jeu des brutes. Un jour, trois petites brutes lui prirent son livre : l’histoire de Colin, un jeune garçon dont tout le monde se moquait car il avait deux bosses dans le dos. Après la Guerre Sombre, beaucoup d'enfants étaient devenu orphelins. Colin, il avait 10 ans, la peau blanche, les cheveux noirs de jais et ses deux petites bosses sur le dos. Ses camarades ne cessaient pas de se moquer de lui, et de lui faire de mauvaises farces. Comble du malheur, les surveillants chargés de s'occuper d'eux délaissaient Colin qu'ils trouvaient trop étrange. Un jour, alors que le jeune garçon lisait tranquillement, dans la maigre bibliothèque de l’orphelinat, trois grands garçons surgirent, s'emparèrent de lui, le frappèrent et l'enfermèrent dans le grenier de l'établissement. Une créature le découvrit et l’enferma dans le Château des Cauchemars, dans le Comté de la Nuit. Hubert en était là de son histoire quand on lui prit son livre. Il connaissait bien le sort de Colin ; il vivait le même. Une fois les brutes l’avait enfermé dans le placard à balai de la piscine, après l’avoir mis en slip. Il fallut deux heures au gardien pour le trouver et ouvrir la porte. Le pire c’est qu’Hubert fut puni pour avoir retardé le bus et être entré dans une zone interdite. La classe, par peur, avait couvert les brutes. Hubert, le soir, pensait à son livre et à la fin de l’aventure de Colin qu’il ne connaitrait pas avant de pouvoir se racheter un exemplaire. Un mois d’argent de poche y était passé la première fois. Deux tontes de gazons et une semaine de vaisselle. Hubert se réveilla dans un grenier.

— Mon Précieux, un enfant ! Il est tout maigre mais cela fera notre dîner, déclara une voix au-dessus de lui.

C’était le Croque-mitaine du lieu. Le jeune garçon ne trembla pas il avança vers la créature arachnide au visage d’enfant.

— Tu es l’ami de Colin ? C’est toi qui le réconforte le soir ? demanda t-il à la créature.

— Mon Précieux est un enfant des Créateurs, il a grand pouvoir !

— J’ai lu comment lever le sort qui te retient ici, en bas tu as pleins d'enfants et tu pourras les punir, beaucoup le mérite. Je veux retrouver Colin.

— Mon Précieux veut sauver l'enfant de la Dame ?

— Oui, je veux le sauver ! Il est comme moi, malheureux, car des enfants l’embêtent.

— Mon Précieux, c'est d'accord ! Tiens, prend cette fiole ! Elle te servira à faire fondre le métal.

 Hubert ouvrit la porte du grenier et souffla la lampe qui empêchait la créature de l'ombre d'en sortir. Il fit de même jusqu'au dortoir. Puis la créature qui se léchait déjà les babines lui indiqua un placard à balai. Hubert en passa la porte entendant déjà les cris d'effroi des sales garnements qui avaient tourmenté Colin. Hubert aurait bien voulu que la créature puisse aussi s’occuper de ses tourmenteurs. Il passa la porte du placard à balai et se retrouva dans une rue adjacente à l’orphelinat. Hubert put découvrir la ville des Fins Heureuses et le palais où vivait sa majesté Roi le Conteur. Le matin se levait et les commerçants ouvraient leurs échoppes. Hubert aurait aimé avoir plus de temps pour visiter cet endroit merveilleux mais il lui fallait sauver Colin. Il ferait du tourisme plus tard. Il franchit les portes de la ville et prit la direction de la route de brique jaune qui menait au Palais des Cauchemars. Le chemin passa près d’une forêt où tous les animaux le saluèrent, sauf le blaireau, et lui proposèrent un bon petit déjeuner. Le chemin continua et Hubert vit un pont de pierre orné d’une tête de troll, après le paysage devenait plus sombre. Il vit des marais, des châteaux en ruines, une forêt sombre et des éclairs dans le ciel. Le jeune garçon était de moins en moins rassuré. Soudain il entendit une voix tonitruante venir du sol. Il découvrit un lutin bleu qui sortait d’un champignon, le vieux barbu criait quelques choses dans une langue qu’Hubert ne comprenait pas. Le vieil homme désignait le château noir et Hubert après un signe de négation.

— Il doit me prévenir de quelques choses de dangereux. Soyons sur nos gardes.

Il remercia le vieil homme et continua sa route. Le pont fut franchi et Hubert frissonna de nouveau. Une vieille dame arriva à sa rencontre et lui proposa des pommes. Le jeune Créateur se souvint de l’histoire de Blanche Neige et de la pomme empoisonnée.

— Désolé, ma mère m’a dit de ne jamais accepter un cadeau d’une inconnue.

La vieille femme, déçue, repartit vers le marais. Hubert frissonna. Au détour d’un chemin l’enfant croisa une vieille femme sur un balai. Elle se dirigeait vers lui en se léchant les babines.

— Bonjour, Madame ! Je vais sauver mon ami Colin. Vous connaissez le bon chemin ? C’est Mama Yaga qui m’envoie !

 La sorcière fut soudain prise d’effroi et changea de direction. Hubert souffla et se remit en marche. L’air se fit plus lourd et il commença à pleuvoir. Il commençait à regretter d’être parti à l’aventure. Soudain un loup noir apparut devant lui. Il avait les yeux rouges et son haleine sentait le soufre. Hubert se souvint du conte et répondit au loup :

Je suis attendu par Galthédoc, le Chef de Meute ! Vous ne voudriez pas le priver de ma visite ?

 Le loup courba la tête et repartit pour la forêt. Le jeune garçon s’aperçut que la lecture et la connaissance des contes lui était fort utile. Le château noir, avec ses onze tours, approchait. On entendait des suppliques sortir des donjons et des chauves-souris volaient comme des étourneaux tout autour. Pour un château vide, le jeune garçon le trouva très animé. Le clan des vampires était donc au pouvoir. Un homme au teint pâle élégamment vêtu arriva à sa rencontre et se jeta sur lui et tenta de le mordre au cou, ses canines proéminentes se dirigeant vers la peau pâle du jeune aventurier. Sentant une odeur forte, l’homme disparu en fumée. Hubert sourit avoir enduit son cou d’ail lui avait grandement rendu service. Le château était tout proche et l’allée de gargouilles se présenta devant lui. Il y en avait douze, toutes plus affreuses les unes que les autres, chacune posé sur une colonne de marbre gris.

— De la chair fraîche ! Siffla l’une d’entre elles. Je vais l’éventrer et le couper en morceaux !

— Mais non, c’est pour monsieur Colin.

— Sa maman pourra revenir !

— Elle va le prendre tout pour elle, je suis sûre ! Pesta une autre gargouille

— Aura-t-on les restes ? Murmura La dernière.

— Sans doute mais silence, il pourrait nous entendre. »

Hubert arriva devant le château et vit une grande cage avec un tas de tissus informes et malodorants.

— Tu es un monstre ? demanda Hubert en se penchant devant le tas de frusques.

— Non, je suis une fée.

— Tu n'as pas d'ailes !

— Pas avant l'âge adulte et il faut réussir une épreuve pour les mériter !

— Comment t’appelles-tu ?

— Je suis Colin

L’enfant fut ravi, il n’aurait pas à s’introduire dans le château. Colin sortit de l’amas de couverture qui le protégeait du froid. C’était un jeune garçon à la peau blafarde, le torse et les pieds nus, portant un pantalon noir. Hubert put constater que, comme dans le conte, il avait deux petites bosses dans le dos. Le jeune garçon pris la fiole que lui avait donné l’araignée et fit fondre le cadenas qui bloquait la porte.

— Merci de m’avoir sauvé ! Comment t’appelles-tu ?

— Hubert.

— Tu pourrais m'aider à retrouver ma mère ? J’ai essayé mais j’ai échoué.

— Pourquoi ne pas envoyer des chevaliers pour aller sauver ta maman ?

— Il faut l’âme d’un Créateur pour briser le sortilège.

— Un Créateur ?

— Un enfant de ton monde, ceux qui ont le pouvoir de l’imagination. Beaucoup de grands Créateurs arrivent ici à leur mort et continuent de raconter des histoires. Roi en est un.

— D’accord ! Et nous devons aller où ?

— Ma mère est prisonnière pas loin d’ici. Ensuite nous retournerons au Comté des Fins Heureuses.

— Tu es sûr que ce n’est pas dangereux ?

— Elle nous aidera à repartir. C’est une fée, elle aussi »

Hubert se colla derrière Colin et pressa le pas. L’enfant fée poussa l’immense porte du cimetière.

— Il faut vraiment aller là-dedans ?

— Oui, ma mère n’est plus très loin. Suis moi !

 Le ton de Colin se fit plus pressant. Il emmena Hubert dans une petite crypte où trônait un cercueil de verre. À l’intérieur se trouvait une femme avec les cheveux pareils à ceux de Colin, la peau blanche et des lèvres rouges. Elle portait une robe noire ouvragée ainsi qu’un collier ornée d’un serpent formant la lettre C.

— Voici ma mère ! Touche le cercueil de cristal et tu vas la libérer.

Hubert tendit sa main vers le cercueil et remarqua une cloche qui pendait au plafond. Soudain, un brouillard arriva et un vieil homme en sortit.

— Attends, Enfant des Hommes ! Je suis l’arbitre du royaume. Cette femme est la fée C. Si tu la libères, les enfants du royaume souffriront tous de sa colère.

— Mais Colin ? Il ne verra plus sa maman ! Les enfants sont méchants avec lui !

— Il a libéré le croquemitaine ! S’il ne libère pas ma mère, ce sera lui qui sera puni ! Vociféra Colin, montrant son vrai visage

— C’est malheureusement exact mon enfant. Tu as le choix : soit tu libères la fée et tous les enfants seront punis ou tu acceptes ton sort en tirant la cloche.

Hubert hésita un instant puis il tira la cloche et mit un genou à terre. L’arbitre le changea alors en une bête immonde : Un filou, un croquemitaine chargé des enfants qui font l’école buissonnière.

— Tu seras désormais toi-même un croquemitaine

— Pourquoi ? déclara Colin. Tu aurais pu sauver ma mère et retourner chez toi ! Tu aurais été sauf !

— Je ne peux pas retourner chez moi, Colin ! J’ai fait une bêtise ce soir. Je n’aurais pas dû prendre tous ces cachets mais j’avais trop mal.

Hubert avait sauvé le royaume du retour de C. Il avait payé le prix. Il était devenu un nouveau croquemitaine. Hubert n’avait qu’une hâte ; C’était de pouvoir s’occuper des trois brutes qui l’avaient poussé à partir pour un aller sans retour.

 

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