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Les univers des deux comtés Des contes gratuits pour petits et grands

Les voyageurs 2

La jeune Clarice passait devant les toilettes des garçons quand elle entendit un cri :

Non, arrêtez ! Laissez-moi ! Pas la tête dans les toilettes ! Pas la tête dans les toilettes ! Pitié !

Puis des bruits lui parvinrent et elle vit trois des garçons de l'équipe de foot sortir en courant des toilettes. Peu après elle vit le jeune Gidéon sortir, les larmes aux yeux, les cheveux mouillés et les habits en bataille :

Ça va ? lui demanda-t-elle.

A ton avis ! Pourquoi moi ? Pourquoi il m'embête toujours ?

Euh, tu ne joues pas au foot ?

Et alors ?

Je ne sais pas. Les garçons ça jouent au foot.

Et les filles ?

Ça joue à la corde à sauter. C'est toujours comme ça.

Mais si je n'avais pas envie de jouer au foot.

Tu veux jouer la corde à sauter ?

Non plus.

Ah, mais tu vas faire quoi alors ?

Je ne sais pas, dessiner.

Dessiner ? Euh, je ne comprends pas, c’est quoi ?

Je ne sais pas reproduire des oiseaux, des chevaux, des…

Ah oui, des chevaux bizarres avec une corne.

Oui, on appelle ça des licornes.

Ah bon? Et comment tu appelles tes gros lézards avec des ailes ?

Des dragons.

Ah d’accord !

Ne sachant pas quoi faire, Clarice laissa là le pauvre garçon. C’était de sa faute si les autres l'embêtaient : il était bizarre. Des licornes, des dragons, dessinés… Mais on dessine en cours, pas pour le plaisir.  On fait des schémas, on apprend à être un adulte productif. C'est à ça que ça sert l'école. La récréation, sert à jouer au foot, à faire de la corde à sauter et éventuellement à s'entraîner à la course. C'est tout. Dessiner quelle idée ! Pourquoi ne pas réviser ses leçons pendant qu'on y est ? Quelle idée !

Les garçons s’acharnaient de plus en plus contre Elliott, une fois, ils l'avaient coincé dans la forêt. Le jeune garçon était rentré chez lui avec pour seul habit son caleçon. Les parents étaient venus se plaindre, mais la réponse du directeur de l'école était : Ce n'est pas notre faute si votre fils est anormal. Néanmoins, il y avait eu vol et il y eut sanctions, mais Gidéon le paya très cher et le harcèlement à son égard redoubla.

Clarice entendit une nouvelle fois des hurlements de rires goguenards dans les toilettes des garçons. Une fois la troupe de garçons sortit, elle n'entendit plus que des pleurs et décida de rentrer. C'était un lieu interdit et elle risquait une grave sanction si jamais on l'y prenait là. Elle ne savait pas pourquoi mais elle se dit qu'aujourd'hui, il fallait faire quelque chose. Elle vit le jeune Gidéon, couvert de bleus dans un coin, pleurant, encore une fois faiblement vêtu :

Où sont tes affaires ?

Là-bas. Répondit le gamin, désignant du doigt l'un des toilettes.

En effet, les garnements harceleurs avait pris ses affaires, les avais mis dans la cuvette et avait tiré la chasse :

Je vais appeler l'infirmière. Elle pourra certainement te trouver des habits.

Oui, si tu le veux, mais je sais où en trouver. Tu n'auras pas peur ?

Peur de quoi ?

L’enfant sortit un calepin, un dessin, celui avec ces animaux étranges, ces chevaux avec une corne, ces grand lézard avec des ailes. Ces personnages avec des couronnes, avec des histoires. Des gens habillés comme des boîtes de ferraille. C'était pour cela que les garçons comme les filles, se moquaient d'Gidéon Paris. Clarice, elle se contentait de l'ignorer, le trouvant bizarre. Qu’allait-il encore faire et quelle idée avait-il encore, pour retrouver des vêtements avec un carnet à dessins ? Il prit une plume et dessina une porte avec une poignée, puis rangeant sa plume et son carnet, il prit le dessin de la porte. L'accrocha sur un mur et il fit comme s'il pouvait actionner la poignée. Là, il se passe quelque chose que l’entendement de Clarice ne comprit pas.

Une porte venait de s'ouvrir dans le mur des toilettes.

Tu viens ? déclara Gidéon.

Ou ça ?

Tu verras.

Clarice suivit Elliott dans cette porte dont elle ne comprenait pas l'existence. Ils arrivèrent sur un plateau surplombant une vallée.

Où sommes-nous ?

Où tu veux.

Mais où sommes-nous ?

Où tu veux que nous soyons ?

Je ne comprends pas ?!

Ici, l'imagination règne.

L'imagination, mais c'est dangereux ça, c'est interdit !

Mais non c'est de là que viennent les histoires.

Les histoires, tu veux dire tes créatures ? Mais ça n'existe pas !

Ah ? Pourtant, regarde au-dessus de ta tête.

Clarisse leva les yeux et vit, c’est étrange lézard avec des ailes. Il y en a fait une dizaine, un gros blanc à la tête et des rouges, bleus, verts et violet en formation comme des oies sauvages.

Ou sommes-nous ?

Je te l'ai dit dans ton imagination.

Mais ce n’est pas possible.

Mais si, tiens, regardes dans la vallée, là-bas.

Elle regarda les points blancs indiqués par le doigt de Gidéon.

Regarde là-bas.

Elle regarda plus avant et vit que ces points blancs étaient une série de chevaux, tous armés de cornes en or, en argent ou en cristal.

Mais où sommes-nous ?

Je te l'ai dit dans ton imagination. Un peu de la mienne aussi.

Mais qu'allons-nous faire ?

Moi, je vais me chercher des vêtements. Je sais qu'il y a une couturière au Grand Chêne qui va pouvoir me refaire des habits. Nous sommes sur le plateau, la route doit se retrouver quelque part au nord. Et après, il faudra remonter par le village des lutins avant de prendre la clairière des loups, et nous arrivons au Grand Chêne.

Euh,…Tu parles de quoi, là?

Clarice était de plus en plus effrayée.

La reprise va bientôt sonner !

Mais ne t'inquiète pas, ici, le temps n'a pas cours.

Comment ça ?

Nous pourrions vivre des années ici. Quand nous allons franchir la porte, il ne se sera passé qu'une dizaine de secondes.

Tu es sûr ?

Ben oui, ce n’est pas la première fois que je viens. A vrai dire je viens souvent, surtout après les raclées de nos amis, ou quand mon père n'est pas content parce que j'ai laissé sur la table du salon une histoire que j'ai écrite ou un dessin. Je viens souvent ici, c'est mon refuge.

D’accord… Est-on va rencontrer certains de ces gros lézards ?

Il y a peu de chance. Eux sont dans le nord, nous, nous allons à l'ouest. Il y a donc peu de chance que nous les croisions.

Ah, et ils sont grands comment ?

Debout sur leurs pattes arrière, ils font deux fois la taille de l'école à peu près.

Tu les as déjà rencontrés ?

Plusieurs fois, il y en a même un. Le petit bleu que tu as dû voir. Il m'a pris une fois sur son dos.

Tu as été sur le dos de ce…?!

Oui, c'est agréable pour voir le royaume dans son entier.

D'accord.

Clarice ne savait plus du tout quoi penser depuis son plus jeune âge, on lui avait appris qu'un enfant devait devenir un adulte productif, que l'imagination était une perversion de l'esprit, que les écrivains étaient des pervers qui étaient là pour détruire la société. Les artistes, des marginaux qu'il fallait enfermer dans des camps. Elle suivit Gidéon de toute façon, elle n'avait plus le choix. Elle avait passé la porte, il ne l'avait pas forcée. Maintenant, il faudra attendre la prochaine pour rentrer chez elle. Le premier arrêt fut pour une cascade.

Tu veux te baigner ?

Ici ?

Bah oui, pourquoi pas. Moi de toute façon, je suis déjà en caleçon.

Ah…

Si ça ne te dérange pas, je vais me nettoyer un peu et je pense que mes amis, pourront guérir ces quelques bleus, ça fait sacrément mal.

Elle ne comprenait pas de qui il parlait. Gidéon plongea ainsi dans l'eau. Et revient au bout d'un moment, accompagné par trois jeunes filles. Comment étaient-elles arrivées là ? Clarice comprenait de moins en moins ce qui lui arrivait, mais étrangement, elle ne se sentait pas oppressée. Cet univers bien qu’incompréhensible la berçait. Tout était calme. Quand Gidéon sorti de l'eau. Tout mouillé, elle put voir que les traces de blessures sur son corps avaient toutes disparues.

Ce sont des guérisseuses hors pair !

Mais elles ne viennent pas jusqu'à nous.

Ah non, désolé, elles ne peuvent pas marcher sur la terre ferme.

Quoi ?

Ce sont des sirènes, les filles ! Montrez-lui !

Clarice vit que le bas des jeunes filles étaient fait d’une queue de poisson. Les sirènes rigolaient.

Ah ne vous moquez pas les filles. C'est son premier séjour ici. Elle n'a pas l'habitude, et moi, comment j'étais la première fois ?

Les filles, les trois sirènes, les saluèrent et repartir au fond de l'eau.

Cela fait ton combientième voyages ?

J'ai arrêté de compter… La première fois ce devait être après une punition de mon père. Il m'avait enfermé dans un grenier parce que j'avais demandé une histoire du soir. Il m'avait traîné par l'oreille et enfermé dans le grenier pour me rappeler que ça ne se faisait pas, qu'un enfant pensait à devenir un adulte productif et que les histoires étaient pour les fous. Une porte s’est ouverte, J'ai eu un peu peur, mais je ne sais pas pourquoi je l'ai franchi. Un homme m'a accueilli, m'a rassuré et après qu'il m'a fait visiter le royaume. Je suis rentré chez moi en passant une nouvelle fois la porte et je suis arrivé au matin, juste avant que mon père ouvre la porte pour m'envoyer à grands coups de pied au derrière pour prendre mon petit déjeuner.

Je vois, et la prochaine étape ?

Oh, on va passer au Village des lutins. Alors, tu feras attention où tu marches.

Clarice ne comprenait pas, ils marchèrent une heure ou deux dans une forêt, déjà, on ne marche pas dans une forêt, pas pour le plaisir. Il n'y a que les bûcherons qui vont en forêt. Pour aller en forêt Il faut que ce soit pour une raison productive, sinon on n’y met pas les pieds. Elliott semblait apprécier la balade. Étrangement, les sons, les odeurs, le bruit, le soleil sur sa peau, tout montrait à Clarice qu'elle était en sécurité dans cet endroit. C'était plaisant pour elle, pas comme la ville, avec ses bruits qui vous agressent, cette pollution, ce stress. Ici tout était calme, Clarisse en oubliait presque le fait que son cours de mathématiques allait commencer. Ils arrivèrent dans une clairière parsemée de champignons, là Gidéon lui dit :

Ils sont là, regarde bien.

Elle vit, sans en croire ses yeux, une cinquantaine de petits personnages habillés de peaux de bêtes, vivre dans les champignons. Ils avaient les cheveux roux. Les hommes étaient armés de petites lances et coiffés deux tresses. Les filles, portaient de gros paniers, elle n'en n’avait qu'une.

Ce sont les protecteurs de la forêt. Ils s'occupent du bien-être des animaux et protègent les couvées.

Ah d'accord.

Ils ont un langage assez bizarre, c'est dommage nous n'avons pas beaucoup de temps pour aller faire la fête chez eux, mais ce sera peut-être pour une prochaine fois.

Une prochaine fois ?

Bah, pourquoi pas ?

Gidéon continua sa marche et arriva jusqu'à une autre clairière où se trouvait demi-douzaine de loups qui jouaient ensemble. Le lplus âgé des loups vient vers eux :

Tu es accompagné aujourd’hui ?

Clarice une amie. J'ai encore un petit souci avec des gars de mon école. Je vais chercher de quoi me vêtir.

Ah, c’est bien. Tu vois la dernière fois, tu as oublié ton carnet, tu aurais eu pu venir chercher des vêtements ici.

Ouai mais ça se trouve Ils m'auraient mis à l'eau et tout aurait été perdu.

C'est vrai.

Le loup se mit à sentir Clarice qui n'était pas du tout rassurée.

T’inquiète l'alouette tu ne ressembles pas à un petit chaperon rouge. Ah ! Ah Oui, c'est vrai. Si tu savais le nombre d'histoires que j'ai découvert, oh pas toute justes, mais c'est si merveilleux chaque fois.

Je…Je vois.

Tu as ici le chef de famille. Si tu avais été jugée dangereuse, ils ne t’auraient pas laissé t’approcher. Aquéla est enceinte, elle attend des petits et tu vois, elle a déjà trois louveteaux. Celui que tu vois derrière, c'est son mari, le père et notre cher chef de meute, est venu à notre rencontre, il s’appelle : Grispoil.

D’accord.

Bon, désolé, les louveteaux ! Pas le temps de jouer avec vous, ce sera pour la prochaine fois, je vais voir Lebo au chêne, j'ai besoin de nouveaux vêtements.

Les loups hurlèrent après lui, mais Clarice n’y voyait aucun danger et aucune colère. C'était un chant mélodieux pour acclamer la venue et le départ d'un ami. Cela faisait quelques heures qu'elle était dans ce pays dont elle ne comprenait pas l'existence, mais était complètement sereine.

Ils marchèrent encore deux bonnes heures et arrivèrent devant un chêne où se tenaient deux personnes armées de lances et d'arcs. Ils ressemblaient à êtres humains bien qu'ils aient des ailes de papillon.

Bonjour. Tu es de passage ?

Oui, je vous présente ma copine Clarisse.

Bonjour.

Je viens voir Lebo, des garnements ont encore volé mes vêtements.

Je vois. Elle te trouvera de nouveaux habits, encore mieux que ceux d’un empereur.

C'était…

Ah, c’est la fée Éric et la fée Tiche, c'est le chef des gardes et la fée de la chance.

Des fées ? …

Oui des personnages cruciaux pour les histoires et les contes. Dommage que l'on soit pressé. En plus, nous avons un contrôle de math. Mais la prochaine fois, je te les présenterai.

La prochaine fois ?

Bah oui, pourquoi pas ?

L’arbre était assez petit. Mais quand Gidéon y entrouvrit une porte, ils arrivèrent dans un hall immense construit tout en bois. Des dizaines de personnages qu'Gidéon avait appelés les fées se déplaçaient de part en part dans ce hall. Toujours pressés, mais heureux. Clarice s'aperçut d'une chose, ils semblaient tous travailler et pourtant semblaient contents de le faire. Cela contrastait avec le monde réel. Quel était ce monde étrange avec ces créatures, sorties de l'imagination ? Clarice ne comprenait pas.

Ah, voici l'atelier de Lebo.

Gidéon frappa à la porte. Une fée avec des oreilles de chien et une queue l’ouvrit et déclara :

Ah, tu as besoin de vêtements ?

S’il te plaît.

D'accord, pense très fort à la tenue que tu veux.

Très bien.

Elle attrapa cinq ou six bouts de tissu. Les lança en l'air et en trois coups de ciseaux, des vêtements neufs apparurent. Clarice était éberluée :

Mais, mais, mais comment ?

Ah ça le pouvoir de l'imagination. Bon, merci Lebo ! Je dois partir, tu transmettras mon bonjour à Line.

Qui est Line ?

C’est la fée des chats, mais c’est maintenant la souveraine du Grand Chêne.

D’accord…

Gidéon et elle sortirent du grand chêne et repassèrent devant les gardes. Non loin de là, Gidéon trouva un arbre. Il prit une craie dans sa poche et traça une porte et l'ouvrir à nouveau.

Bon, ben on a un contrôle de math. Tu viens ?

C’est un Gidéon pimpant qui sortit des toilettes, accompagné de Clarice se dirigeant vers la salle de mathématiques. Clarice n'avait toujours pas compris l'aventure qu'elle venait de vivre, mais elle en voyait une chose bénéfique : elle qui était toujours stressée lors de ses contrôles, par crainte de récolter de mauvaises notes, non pas à cause de ses faibles capacités mais plutôt à cause de son anxiété chronique, avait été apaisée par ce petit voyage qui lui avait ôté tout stress. Pour la première fois, elle fit le contrôle étant sur un petit nuage. Gidéon et elle, obtinrent la meilleure note. Gidéon, retourna plusieurs fois au Pays imaginaire avec Clarice. Ils trouvèrent d'autres enfants pour les accompagner. 1 et 2, puis 4, puis 8, puis 16, puis 32, et ainsi de suite. En une année, plus d'un millier d'enfants avaient redécouvert les bonnes histoires et l'imagination en dix ans, le monde avait changé. Les usines avaient fermé, les forêts avaient repris vie  et le mariage de Gidéon et Clarice fut célébré lors de l'ouverture de la première bibliothèque. Ce royaume où l'imagination avait été retrouvée.

 

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