Overblog Tous les blogs Top blogs Littérature, BD & Poésie
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
Les univers des deux comtés Des contes gratuits pour petits et grands

Le Mystérieux Sion Fin

 

Depuis notre dernière histoire de nombreux événements se sont déroulés, permettez-moi de vous les conter :

C, la souveraine des cauchemars mit au monde le jeune Colin, l’héritier de son titre, mais rendu folle par son éviction du Grand chêne, elle prépara en secret sa vengeance.

Sion en eut le cœur brisé et abandonna sa femme et son enveloppe charnelle pour redevenir l’avatar de la mort. Pendant qu’il s’occupait de sa tâche, des millénaires s’écoulèrent. Quand il revint au comté de la nuit pour retrouver son enfant et sa femme, il trouva le monde profondément changé et dut se battre pour permettre à sa compagne de retrouver son titre de Terrible fée.

Mais une menace plus sombre encore pesait sur le monde : une armée puissante menée par des généraux redoutables était à leur porte. Ces guerriers ne servaient aucun maitre et étaient les avatars du néant !

 

***

 

Tous les monstres, vampires, homme-garou ou sorcières se réunissaient au château des cauchemars, centre névralgique du comté de la nuit, pour rendre hommage à leur souveraine : la terrible fée C.

C’est dans cette sombre demeure que conversaient amicalement deux hommes : le premier était beau, grand et des cheveux roux encadraient son visage sans âge. Il portait une redingote noire qui contrastait fortement avec ses cheveux.

— C’est donc là, Sion, que j’ai réussi à coincer le petit Mickaël et à le punir, dit l’autre homme.

Ce dernier était plus petit et plus jeune. Il portait une tenue de cuir avec de multiples arabesques.

— Eh bien Pierre, mon ancien apprenti, je vois que tu as bien utilisé mon savoir. Tu es presque aussi redoutable que moi ! Rajoutât-il, un sourire aux lèvres.

Alors que les deux camarades discutaient, une gargouille ailée à la peau glabre se posa à côté d’eux et déclara d’une voix sépulcrale mais paniquée :

— Le prince Colin a été enlevé !

— Quoi !? dit Sion.

— Vous avez bien entendu majesté. Colin, fils et héritier de C, a été enlevé.

L’amant de C. prit quelques secondes pour intégrer l’information et libéra sa colère en fracassant une colonne d’un coup de poing rageur.

— Qui !? demanda-t-il d’une voix inhumaine.

— La…la reine des glaces… expliqua le monstre terrifié.

— C. est-elle au courant ?

— Je viens juste de la… répondit le monstre qui fut interrompu par la téléportation de Sion qui laissa Pierre et le messager interdits.

Il apparut dans la chambre de C et la prit dans ses bras. Les deux se réconfortèrent mutuellement pendant de longues minutes.  Puis C, les yeux encore humides prit la parole :

— Comment fait-on pour aller le sauver ?

— Je m’en charge, reste ici…

— Je suis aussi forte que toi Sion ! S’emporta-t-elle les larmes aux yeux avant de rajouter : Je peux très bien venir avec toi pour sauver Colin des griffes de cette …

— Je le sais bien, la coupa son amant en lui caressant la joue. Mais tu es la souveraine de la nuit. Tu as un comté à administrer, des disputes à trancher et des enfants à punir. C’est moi qui irai sauver Colin.

C le regarda d’un air où se mélangeait amour et colère, et déclara :

— Très bien. Va sauver Colin.

 

Il l'enlaça une dernière fois, s'écarta et, juste avant qu'il ne disparaisse il entendit C murmurer :

— Reviens-moi en vie…

Sion bouleversé mais déterminé réapparu face à Pierre et lui dit :

— Mon cher ancien apprenti prépare tes armes, on a un prince à sauver !

Les deux frères d’armes se retrouvèrent dans la salle du conseil de guerre penchés sur une carte du continent :

— Selon nos espions le château de la reine des glaces est ici, précisa Pierre en pointant la carte.

— Il s’agit d’une zone montagneuse impraticable, remplie de monstres et des « serviteurs » de la reine, et la zone est perpétuellement plongée dans une tempête.

— Sans doute un sortilège de cette reine-magicienne, commenta Sion.

Pierre prit un instant de réflexion et demanda à son ancien maitre :

— Qu’en pensez-vous ?

— De nombreuses difficultés m’attendent, mais aucune qui ne m’empêchera de récupérer Colin.

— Et pour la reine des glaces ?

Sion pris une voix sépulcrale et répondit :

— Si elle a fait du mal à l’héritier elle verra ma colère et ma vraie forme !

Sur ces mots, l’amant de C et le croquemitaine prirent armes et équipements et se dirigèrent vers le massif montagneux des Ogres, nouveau domaine de la reine des glaces.

Les capacités de téléportations de Sion, malheureusement limitées ne lui permettaient que de retourner aux endroits précédemment visités. C’est pourquoi les deux hommes se matérialisèrent au cœur d'un petit village, dans les contreforts des monts des ogres.

Les villageois s’approchèrent, intrigués, alors que les deux compères observaient l’immensité sombre et imposante des montagnes. Pierre s’adressa au peuple :

— Est-ce que l’un de vous sait où se trouve la reine des glaces ?

Tout le monde recula d’un pas, le regard effrayé, sauf le doyen. Ce dernier s’adressa à Pierre :

— Vous trouverez la reine dans les montagnes, au cœur des hauts-pics, dans une grande demeure faite de glace vivante.

Pierre salua le doyen pour le remercier et ils continuèrent leur route, sous le regard intrigué des villageois.

— Encore deux qu’on ne reverra jamais, marmonna le doyen.

Une fois le village hors de vue, Sion déploya ses ailes et Pierre prit sa forme « de travail » afin de gagner en vitesse. Ils le savaient, chaque minute comptait.

Les craintes du croque-mitaine se confirmèrent : de nombreux monstres peuplaient ces sommets.

Taillant dans la chair et le sang, le duo se fraya un chemin à travers les rochers. Loup géant, Wyrm de glace, vers titanesque, trolls des neiges… Aucun monstre n’aurait pu les arrêter. Mais ces sanglantes rencontres les affabilisaient. Après plusieurs heures ils décidèrent de se reposer à l’abri d’une grotte.

Soudain, un cri humain transperça l’air, les deux compères, surpris, s’élancèrent en directions des hurlements qui se multipliaient et semblaient appartenir à une enfant.

Ils finirent par arriver devant une petite fille en pleurs, un doudou à la main.

— Ma maman ? Où est ma maman ? demanda-t-elle à Pierre, les larmes aux yeux.

Etonné Pierre prit forme humaine et se rapprocha tandis que Sion se demandait que faisait une jeune fille dans ces montagnes.

— Pauvre petite, tu veux venir dans mes bras ?

— Ou..oui ! répondit l’enfant en se jetant au cou du Croquemitaine. Alors qu’elle lui faisait un câlin Sion remarqua que les yeux de l’enfant luisaient en rouge :

— Pierre attention ! 

Ce dernier comprit la supercherie en voyant la petite se métamorphoser et devenir un grand monstre cadavérique pourvu d'ailes, de griffes et de longs crocs. Il n'eut pas le temps de réagir et un violent coup le propulsa à plusieurs mètres de là sous le regard impuissant de Sion.

— Un Doppelganger… murmura ce dernier pour lui-même.

— Tout à fait jeune humain et aujourd’hui je vais boire votre sang.

Sur ces mots le combat s’engagea, dans les cieux les griffes et faux s’entrechoquèrent, les deux adversaires portaient de violents coups et le monstre planta ces crocs dans la gorge de Sion :

— Ton sang est délicieux humain !

— ÇA…SUFFIT ! hurla Sion déchainant sa puissance en une violente explosion. Le monstre surpris fut projeté au sol avec force et fracas.

Le Doppelganger se retrouva devant un Pierre révulsé qui le chargea en hurlant. Le monstre gloussa en voyant ce frêle humain l’attaquer. Mais son amusement fut de courte durée quand il vit Pierre se transformer en monstre :

— Toi tu as été très vilain ! Dit le Croquemitaine dont la voix se transforma en même temps que le corps.

Le Doppelganger fut violement tailladé et transformé en un tas de chair inertes, teintant la neige de sang noir.

Sion redescendit des cieux aux côtés de son apprenti. Ils pansèrent leurs blessures et s'abritèrent dans une grotte serrée entre deux pics.

Alors que Pierre reprenait forme humaine et que Sion faisait disparaitre ses ailes, un nouveau hurlement s'éleva du fond de la grotte. Puisant dans leurs dernières forces les deux compères, épuisés, se mirent en position, prêts à combattre. Les murs tremblèrent, les poussant à reculer à l'extérieur. Alors qu'ils prenaient position dans la neige, un golem de glace colossal, surement au service de la reine, émergea de l'antre en grognant.

— Pour la reine sombre ! S’écrièrent les deux hommes en partant à l’assaut du monstre.

Le combat fut âpre et exténuant mais Pierre et Sion vinrent à bout du golem. Ils étaient fatigués, mais heureux car cela signifiait que le château (et Colin) était proche.

Profitant d'un peu de calme, les deux hommes s'accordèrent un repas :

— Quelle est l’histoire ? Demanda Pierre en croquant dans un morceau de pain.

—  Hum ? répondit Sion, interloqué.

— Ta réaction à l’enlèvement de Colin et ton empressement à venir le sauver. Tu ne me ferras pas croire que c’est juste le geste d’un sujet qui s’inquiétait pour son prince.

Sion pris un air mystérieux et avertit :

— Il y a des choses que tu ne devrais pas connaître

Une fois reposés, ils poursuivirent leur route vers les sommets. Plus ils avançaient, plus les monstres des montagnes se faisaient rares alors que les « guerriers » de la reine des glaces se faisaient présents. Ces derniers prenaient des formes variées : Golem, serpent, Wurm ou encore créatures volantes. On ne pouvait reprocher à la reine des glaces son manque d’imagination.

Ils atteignirent finalement les haut-pics plongés en plein tempête de neige. Ils s’attendaient à trouver facilement le château de glace de la reine, mais rien. Il n’y avait que de la neige, du vent et des pierres.

— Ça devrait pourtant être ici dit le croquemitaine, la concentration de monstres est plus importante que jamais.

— Et portant il demeure introuvable ! s’exclama rageusement Sion, avant de crier :

— Colin. Colin ! COLIN !

Seul le vent lui répondit, mais il y eu comme un écho. Il se remit à crier le nom du prince et ce même écho se fit entendre, comme une résonnance magique. Devant les yeux interloqués de Pierre, Sion se remit à crier de nombreuse fois « Colin ». Alors que le croquemitaine commençait à croire que son ancien maitre était devenu fou, ce dernier se tourna dans la direction d’un flanc de montagne.

Sion sourit, déploya ses ailes et s’élança à toute vitesse, Alors qu’il aurait dû s’écraser sur une paroi, il heurta un mur invisible qu’il fracassa avec de sa force déployée à pleine puissance. Un bouclier s’effondra révélant le colossal château de la reine des glaces, fait de glace vivante et accroché par magie à flanc de montagne.

Sion se posa devant les grandes portes, rejoint par Pierre, dont le visage exprimait l’étonnement et le respect.

— Il te reste beaucoup de chose à apprendre mon apprenti, précisa Sion, un léger sourire aux lèvres.

Sur ces mots Pierre fit voler en éclats les portes du palais, et répondit avec un clin d’œil :

— Pas tant que ça mon bon maitre.

Après cette brève démonstration de force les deux sauveurs avancèrent et pénétrèrent dans une grande nef dont l’allée centrale était ceinturée de colonnades. Au fond de cet immense pièce se trouvait un trône de glace où se tenait la reine et à ses pieds, enchainé et inconscient : Colin

Sion s’avança et prévint :

— Si tu as fait le moindre mal au Prince je jure de te…

— De quoi ? La coupa la reine. Vous êtes faible, petit courtisan de pacotille tandis que moi...

Sa voix était froide et monotone.

— Mais rassurez-vous pour votre Prince je ne lui ai pas encore fait de mal… jusqu’à maintenant !

Sur ces mots, elle gela le cœur de Colin qui se réveilla en hurlant.

— Dans dix minutes il sera définitivement mien, à moins que…

Sion et Pierre ne lui laissèrent pas le loisir de finir sa phrase, comprenant tout de suite l’enjeu, ils entamèrent le combat, sous les yeux amorphes et vides de Colin.

La bataille était titanesque, la faux et les griffes s’opposaient à la puissance de la glace. Les colonnes volaient en éclats tandis que les trois monstres se rendaient coup pour coup. Mais la reine prit le dessus, emprisonna Pierre et projeta Sion à travers la nef, l’envoyant s’écraser contre le trône aux pieds d’un Colin inerte.

Sion profondément meurtri se releva, il tenait à peine debout. C’est alors que le jeune prince s’adressa à son sauveur d’une voix faible :

— Pourquoi voulez-vous me sauver ?

En étendant ça l’amant de C se retourna, le cœur serré et les yeux rouges et brillants :

— Parce que …JE SUIS TON PERE !

Colin se précipita vers Sion pour l’enlacer et l’éclat de glace qui s’était fiché dans son cœur se mit à fondre.

Sion invoqua une lame runique rouge, et s’élança contre la reine des glaces qu’il poignarda de toutes ses forces, mu par la volonté d’un père de protéger son fils. Il transperça la glace de la reine et la lame trouva le chemin de son cœur glacé. La maitresse des lieux s’effondra dans un gargouillis sanglant, tout comme son château.

Pierre s’arracha à sa prison et s’accrocha à une paroi de roche alors que les restes de la demeure de glace s’effondraient en contrebas. Quand la tempête fut passée, il regarda autour de lui et vit Sion toutes ailes dehors, en vol stationnaire dans un ciel dégagé, son fils dans les bras.

— Père enfin je te rencontre, déclara Colin, des larmes au coin des yeux

— Pardonne moi d’avoir été si absent fils, je ne te laisserai plus jamais… conclue-t-il en serrant son enfant dans ses bras.

Les deux sauveurs et Colin rentèrent au Comté de la nuit, Une mère retrouva son fils et remercia chaleureusement Pierre qu’elle nomma grand Croquemitaine de la souveraine des cauchemars.

L’uns des généraux du néant était vaincu. Restait à éliminer les autres…

                               FIN

 

 

 

 

© CC Morgan Heartless, l’ivre d’histoires 2021

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires