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Les univers des deux comtés Des contes gratuits pour petits et grands

Le mystérieux Sion 2

Trois semaines s’étaient écoulées, mais Pierre était encore chamboulé par la nuit qu’il avait vécu. Sion, les croque mitaines, cette mystérieuse C, tout ça se chamboulait dans sa tête, mais une chose était sure : Cette nuit, ce voyage l’avaient changé, il avait encore en tête les dernières paroles de Sion. « Vais-je devenir un monstre ? » se demandait-il.

Depuis cet évènement Pierre s’était assagi, il ne faisait plus de bêtises et écoutait attentivement ses parents et professeurs. Cependant le jeune garçon vivait continuellement dans la peur, celle de retourner dans ce monde et auprès de ces monstres.

Cette peur devenait viscérale au moment de s’endormir, et une nuit elle devint réalité. Pierre s’endormit anxieusement dans son lit et se retrouva propulsé au comté de la nuit. Il se retrouva dans une sombre forêt, au cœur d’un cercle de pierres moussues, il regarda autour de lui, craignant l’arrivée des croquemitaines mais une voix se fit entendre dans l’obscurité :

Bonsoir Pierre.

L’intéressé se tourna et vit un homme sortir des ombres : il reconnut immédiatement Sion. Ce dernier portait son habituelle redingote noire et tenait sa faux à la main, il avait l’air détendu.

— Bonsoir…monsieur Sion, répondit Pierre apeuré.

Je vois que tu te souviens de moi, et tu es devenu bien poli, jeune homme, dit Sion d’un air amusé, avant de rajouter :

Tu sais pourquoi nous sommes ici je crois ?

Le garçon bien qu’effrayé, essaya de rassembler ses idées. Il se rappela de son précédent voyage, les croquemitaines, l’intervention de Sion, la pierre noire…

— Je suis devenu un croque…

— …Mitaines ? Tout à fait, et c’est pour ça que je suis là ! le coupa Sion.

— Je me souviens maintenant, le pacte que nous avions passé, je suis à votre service donc ?

— Exactement tu es mon nouvel apprenti Pierre, mais avant que tu ne commences à chasser les garnements tu as beaucoup de choses à apprendre.

Le nouveau croquemitaine n’écoutait que d’une oreille distraite les propos de Sion. Il venait de comprendre que sa vie avait irrémédiablement changé, et qu’il avait passé trois semaines à refuser de le voir. Maintenant et à jamais il serait un croquemitaine. C’est ainsi que, lucide sur sa situation, il se pencha en signe de respect et dit :

— Je suis prêt à recevoir votre enseignement, mon maitre.

Sion sourit :

— Bien, bien, pour cette nuit je vais t’apprendre à utiliser ta forme monstrueuse. Tu dois réfléchir quel type de bêtises tu veux punir, et prendre une apparence effrayante qui l’illustre. Tu comprends ?

— Comment les croquemitaines des autres nuits ? 

— Tout à fait !

Fort de ces informations, Pierre réfléchit. Quel type de bêtises voudrait il punir ? Il s’interrogea longuement, quand enfin la réponse lui vient :

— Je veux m’occuper des enfants comme celui que j’étais. Les vilains polissons qui ont fait beaucoup trop de bêtises pour être punis par un seul croquemitaine.

Sion le regarda intensément pendant quelques secondes, ce qui mit Pierre assez mal à l’aise, puis il s’exclama :

— C’est inhabituel, je crois que jamais aucun croquemitaine n’a choisi ce type de bêtise. En tout cas c’est très intéressant.

Le visage de Pierre se fendit d’un grand sourire.

— Maintenant imagine une forme monstrueuse et tente de te transformer, poursuivit Sion.

Le jeune homme se concentra et tenta d’imaginer son apparence monstrueuse. Un fois cela fait, il essaya de se transformer. Sous les yeux de Sion son corps changea, amplifia, de nouveaux membres commencèrent à apparaître, mais ça ne dura pas.

Rapidement Pierre perdit sa concentration, son corps reprit sa forme humaine et il s’évanouir de fatigue sur le sol. Sion s’approcha et agita une pierre noir tout en psalmodiant des formules magiques. Rapidement l’apprenti croquemitaine se releva, haletant il demanda :

— Qu’est-ce qu’il…

— Tu as perdu le contrôle et tu t’es évanoui, le coupa l’homme en noir, avant de poursuivre.

— Ne t’inquiète pas, ça arrive à tout le monde la première fois. Maintenant réessaye.

 Pierre fit un signe de tête et reprit sa concentration. Rapidement son corps changea, se transforma. Au prix d’un grand effort mental il arriva finalement à prendre sa forme monstrueuse.

— Bien, très bien ! lui dit Sion en l’observant.

Pierre avait bien changé, il faisait maintenant dans les deux mètres de haut, avait une peau blême, de longues griffes. Sa tête était une hybridation monstrueuse entre celle d’un Homme et d’un cerf couronné de bois. Le nouveau croquemitaine s’observa un instant, et pour exprimer la joie de sa réussite poussa un hurlement bestial, tandis que Sion riait aux éclats.

— Tu es magnifique mon apprenti, j’adore ta nouvelle apparence ! s’exclama le professeur avant de rajouter :

— Maintenant retransforme toi.

— Très bien Maitre, dit Pierre d’une voix monstrueuse.

Ce dernier se concentra de nouveau et après un grand effort mental reprit sa forme humaine.

 

 

Sion s’approcha alors du jeune homme et lui dit :

— Tu as bien travaillé mon apprenti, mais il te reste beaucoup de choses à apprendre. Nous nous verrons souvent les nuits à venir, mais pour celle-ci nous en avons terminé.

Avant que le dit apprenti n’ait pu répondre, Sion lui toucha le cœur et le renvoya dans son monde. Pierre se réveilla haletant, mais heureux, sa nouvelle vie venait de commencer et était plus que prometteuse.

 

Comme prévu, Sion et Pierre se retrouvèrent régulièrement. Avec le temps la relation entre Sion et Pierre s’améliora ; Une amitié mutuelle s’installa. L’apprenti Croquemitaine apprit de son maitre toute les ficelles du métier : comment observer les enfants, comment créer des punitions, comment les invoquer au comté de la nuit et passer d’un monde à l’autre. Pierre essaya, rata, préservera et finalement réussit à maitriser toutes ces techniques, pour faire la fierté de son maitre.

Une autre nuit, Pierre arriva au comté de la nuit, et, après les formules de politesse d’usage, Sion lui annonça :

— Tu sais déjà comment passer entre les mondes et invoquer les enfants au comté de la nuit, maintenant je vais te montrer comment choisir ta cible.

— Très bien maitre, dit Pierre en sortant son carnet de note.

Sans plus de préambule Sion invoqua un grand miroir au contour gothique. Des mots de pouvoir furent prononcés et la surface de verre s’agita. Elle afficha l’autre monde, celui de Pierre.

— Comme je te l’ai appris il y a quelques nuits, on peut observer le monde grâce à ce miroir dimensionnel.

— Les enfants qui ont fait des bêtises y brillent d’une lueur écarlate ? commenta Pierre.

— Tout à fait ! Dans cette zone il y en a sept : les trois premiers n’ont fait qu’un seul type de bêtises, ils ne sont donc pas pour toi. Ces trois autres ont fait plusieurs sortes de bêtises, mais deux croquemitaines peuvent aisément s’en charger.

— Et pour le dernier ? Demanda Pierre en levant le nez du calepin où il notait sa leçon.

— Ça, c’est à toi de me le dire…

Pierre observa attentivement le garnement et les informations le concernant :

— Il a volé ses amis, cassé leurs jouets, fait tomber sa grand-mère, … Ses bêtises sont nombreuses et très variées, il est parfait.

— C’est là que résident les clefs de ton choix Pierre, non pas dans le nombre des bêtises mais dans leur variété. Tu comprends ?

— Oui maître, acquiesça-t-il en notant cette information capitale.

— Maintenant passons aux exercices.

Sion présenta à son apprenti de nombreux enfants et lui demanda de choisir le bon. Pierre essaya, rata puis réussi et à chaque réussite son maitre augmentait le nombre d’enfants.

— Bon, cette leçon est acquise, c'est donc fini.

Sur ces mots, l’apprenti s’inclina pour saluer son maître et fut renvoyé chez lui.

L'hiver approchait et, depuis leur première rencontre début août, Pierre, avait beaucoup changé grâce à l'enseignement de Sion. Il était devenu plus fort, plus mature et prenait plaisir à apprendre aux côtés de son maitre.

Pierre se transporta dans le comté de la nuit avec ses nouveaux pouvoirs, et arriva dans la clairière où Sion l’attendait :

— Bonjour Pierre, comment vas-tu aujourd’hui ?

— Très bien maitre. Quelle sera la leçon cette nuit ?

 

 

Sion sourit affectueusement, avant de répondre :

— Tu as appris et maitrisé tout ce que j’avais à t’enseigner Pierre. Je crois que tu es presque un croquemitaine assermenté !

Pierre sauta de joie avant de désenchanter :

— Presque ?

— Oui il te reste une épreuve.

— Bien.

— Ton épreuve sera de retourner dans ton monde, ramener un enfant au comté de la nuit et le punir.

Un sourire fendit le visage du jeune homme et Sion poursuivit :

— J’ai déjà repéré l’enfant parfait, dit-il en montrant le portait d’un petit garnement blond au regard farceur sur un miroir magique.

— Très bien maitre, je saurai me montrait digne de votre enseignement en réussissant cette épreuve, répondit Pierre d’une voix peu naturelle.

Sur ces mots Sion déploya ces ailes et s’envola pour le château de C. Pendant ce temps, Pierre utilisa ses pouvoirs pour repérer le vilain garnement, un fois ceci fait il lui envoya des cauchemars pour l’attirer au comté de la nuit.

Pierre prit sa forme monstrueuse pour accueillir le blondinet terrifié :

— Bonjour Patrick, je vois que tu as été très vilain…

***

Loin de là, devant un grand miroir magique, Sion regardait son élève, un verre à la main et le sourire aux lèvres. C s’approcha de lui et l’enlaça affectueusement :

— C’est donc l’épreuve finale de ton apprenti. Le début semble prometteur.

— Plutôt. Je suis assez content de mon enseignement et très fier de lui.

— Tu parles comme un père Sion, lui dit C tendrement.

Alors que les deux amants observaient attentivement l’examen, Pierre s’adressa de sa voix monstrueuse à Patrick :

— Tes bêtises sont innombrables jeune garnement : extorsion de friandises, vol de bonbons, recel de jouets, fraude aux devoirs, glandouillage et la liste et encore très (trop) longue.

Sur ces mots Pierre fit apparaitre un rouleau de parchemin qui se déroula indéfiniment sur le sol. Le garnement tremblait de peur de voir ses méfaits ici dévoilés. L’apprenti croquemitaine fit disparaitre le parchemin et dit :

— Mais il y a pire, ton crime impardonnable est le suivant : tu as expliqué à ton petit frère que le Père Noël n’existe pas !

— C’est une bêtise très grave ? demanda péniblement Patrick.

— OUI ! hurla Pierre en se rapprochant de l’enfant. Car non seulement tu as brisé le plus grand rêve d’un enfant mais en plus tu as menti : le Père Noël existe.

Au bord des larmes et la peur au ventre le vilain polisson, une pointe d’espoir dans le regard, déclara :

— Vraiment ?

— Bien sûr, et il a même un frère : Krampus qui est d’ailleurs un de mes plus célèbres confrères.

Ebranlé par toute ces informations, Patrick ne put dire un mot et l’apprenti Croquemitaine continua :

— Maintenant je vais te punir sordide garnement !

Patrick répondit, paniqué :

— Pitié, je ferai ce que voulez, je vous donnerai de l’argent ! Mes parents sont riches…

— Ton argent n’a pas cours en ce lieu, seuls comptent la punition et la rédemption. Alors accepte ton sors et tu en sortiras purifié !

Le jeune garnement sembla troublé :

— Ma…rédemption…Vous voulez dire que je peux être pardonné ? Ce dernier mot était teinté d’espoir.

Pierre pris une voix ferme et profonde :

— Oui, à condition que tu acceptes ta punition.

Le jeune homme sembla réfléchir « une nouvelle vie » murmura-t-il.

— Très bien je l’accepte.

— Parfait ! Maintenant commençons ! s’exclama l’apprenti croquemitaine en souriant.

Pendant de nombreuses heures et de nombreuses façons Patrick fut puni. Cela fut long et douloureux et Pierre appliquait les peines avec une rigueur (et une joie) très professionnelle.  Après une nuit de supplices, il déclara à l’enfant :

— Tu as acquis ta rédemption maintenant, tu es désormais lavé de tes bêtises.

— Merci monsieur, dit Patrick d’une voix morne.

— Je vais te renvoyer chez toi dit Pierre en invoquant son portail dimensionnel.

— Très bien Monsieur. Bonne journée à vous.

Alors que Pierre congédiait chez lui sa victime, il vit arriver par un portail son maitre et C.

— Félicitation Pierre, ton épreuve est terminée et réussie.

— Merci maitre, dit-il d’une voix bestiale avant de se retransformer.

— Il te reste une dernière chose à faire… poursuivit C. en s’approchant du croquemitaine.

— Vous prêtez allégeance et fidélité ma reine, dit Pierre en s’agenouillant en signe de déférence.

C s’approcha :

— J’accepte ton serment. Veille à toujours le respecter. Maintenant relève toi Pierre, tu es désormais Croquemitaine de la reine des ombres et protecteur du comté de la nuit.

C’est ainsi que la fée C accueillit un nouveau serviteur destiné à punir moults garnement. Quant à Sion et à sa reine, leur vie allait bientôt être profondément bouleversée, mais cela est une autre histoire.

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