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Les univers des deux comtés Des contes gratuits pour petits et grands

Le monde du Néant fin

Un bruit dans son dos fit sursauter Marina : Balthazar avait traversé à son tour.

La montée de l’escalier se fit sans encombre.

La porte du château était hideuse et angoissante. Le Néant et ses quatre fléaux étaient représentés comme des figures divines devant un peuple qui souffrait. Il y avait le nom des quatre fléaux : Solitaire, Ennui, Désespoir et Regret. Les statues étaient abimées, la foule avait brûlé une partie de celle d’Ennui et brisé le visage de Regret mais celle du Solitaire était intacte, de même que celle figurant un puissant guerrier : Désespoir.

Balthazar ouvrit les portes du château qui grincèrent comme une plainte de damnés. Un silence pesant régnait dans le bâtiment. Ils se dirigèrent vers la salle du trône. Devant le siège du Néant se trouvait Désespoir :

Des intrus !

Dans un château et devant un trône qui n’est pas le tien !  Tu ne manques pas de souffle Désespoir !  Ironisa Aurélia. Il n’est pas encore temps pour toi de de t’y asseoir. J’ai ma candidate moi aussi. La règle est claire : tu ne peux t’y asseoir si quelqu’un le revendique.

Deux enfants à vaincre, puis toi et je pourrais devenir le maitre ? Soit, ricana Désespoir

Je ne revendique nullement ce trône, le pouvoir ne m’intéresse pas et il n’y a aucune écuelle de lait devant. Ce n’est donc pas le mien.

Lequel de ses enfants dois-je affronter en premier alors ? Ou peut-être est-ce les deux en même temps ?

Encore une fois la règle est claire, le duel se fera en un contre un, répondit Aurélia qui restait de marbre devant les gesticulations et les provocations de Désespoir.

— Super, alors on commence par lequel ?

 Moi. Je te défie, annonça Balthazar

— C’est étrange, ton visage m’est inconnu mais ta voix me dit quelque chose. Peu-importe, voyons ce qu’un moineau comme toi peut faire contre mon épée !

Désespoir dégaina sa lame vibrante et puissante et s’élança sur l’enfant qui d’un bond esquiva et arraché une épée des mains d’une statue. Désespoir d’abord confiant se vit contraint de multiplier les attaques, en face Balthazar se contentait de contrer les attaques de son ennemi avec une facilité déconcertante. Profitant du fait que les deux autres étaient occupés par leur duel, Aurélia entraina Marina vers le trône en longeant les murs, mais, alors que la jeune fille était sur le point de s’assoir sur l’imposant siège, Désespoir l’aperçu et d’un mouvement souple du bras vers l’arrière il lui asséna un violent coup d’épée qui la projeta à plusieurs mètres du trône. Aurélia bondit vers l’enfant inanimé. Profitant de cet instant de déconcentration Balthazar enfonça sa lame dans le flanc dégagé de Désespoir qui fléchit sous la douleur. Balthazar se précipita sur le trône et s’y assit.

Non pas lui, feula la chatte.

— Désespoir, vouloir ainsi prendre le trône de ton maitre, voyons tu n’as pas honte ? Tu me déçois beaucoup, siffla Balthazar.

— Néant ? grimaça Désespoir.

— Lui-même, ricana le gamin en mimant une révérence. Et maintenant déguerpis, tu m’ennuies !

Il claque des doigts et Désespoir disparu. Il se tourna vers la chatte :

— A toi maintenant, qui es-tu réellement ?

— Je ne suis qu’un chat, qui aime boire un bol de lait tous les matins

— Pas à moi veux-tu ! Tu ne veux pas parler ? Grand bien t’en fasse. Quand à ton bol de lait j’espère que tu as savourer le dernier car tu n’es pas près d’en reboire un. Ce monde ne m’amuse plus, Marina m’a parlé du Royaume des Deux Comtés, il paraitrait que le Néant aurait perdu là-bas, il est temps d’y remédier ! Mais avant, je vais sceller ce château, personne ne pourra plus ni y entrer ni en sortir.

— Solitaire, c’est toi qui l’as éliminé, n’est-ce pas ?

— Evidemment, qui d’autre ? Assez parler, ma chère amie, je te souhaite une longue éternité.

Il psalmodia une formule et un tourbillon de fluide se matérialisa, il y entra en riant et le tourbillon se referma sur lui et disparu avant qu’Aurélia n’ait pu faire quoi que ce soit. A ses pattes, Marina reprenait connaissance en geignant de douleur. Aurélia essaya de la calmer, une larme roula sur la joue de la chatte qui regrettait de n’avoir aucun pouvoir de guérison. Alors que la douleur faisait à nouveau perdre connaissance à Marina, Aurélia inspira un grand coup et levant vers le plafond deux grands yeux ruisselant de larmes elle s’adressa à l’univers :

Mon maitre, je regrette de vous avoir quitté. Mon voyage sera encore long avant de pouvoir vous revenir mais s’il vous plait sauver cette enfant.

Une porte apparut dans le vide. Aurélia gratta la porte qui s’ouvrit. Elle força Marina à se lever et à passer la porte.

Elles se retrouvèrent devant un bâtiment dont le fronton indiquait “Hôpital des fées du comté de fins heureuses”. Marina roula au sol alors que déjà des infirmières se précipitaient vers elles, Aurélia s’effondra à son tour, quelqu’un allait pouvoir soigner Marina.

 

Lorsqu’elle ouvrit les yeux Aurélia se trouvait dans un coussin moelleux posé sur un imposant bureau de chêne. Plusieurs individus discutaient autour d’elle, pour les avoir déjà vu ou croisé en d’autres temps, Aurélia les reconnu facilement, il s’agissait du Professeur, de Sion et d’Ashwood, elle avisa aussi Tara, assise dans un coin de la pièce. Ils se turent lorsqu’ils se rendirent compte qu’elle avait repris connaissance.

— Où est Marina ? demanda la chatte qui n’était pas du genre à s’encombrer des politesses d’usage.

— La jeune fille qui était avec toi c’est bien ça ? demanda le Professeur.

— Qui d’autre ?

— Rassure toi, elle va bien, elle s’est réveillée chez elle.

— Comment ? Elle n’a même pas été blessé dans ce monde, le cristal la reliait à l’autre.

— Les feux de camps des conteurs brillent tous de la même magie, surtout quand mes deux fils ne sont pas loin et à présent qu’ils travaillent ensemble. J’ai remplacé son souvenir, Sion a mis un terme à son existence dans les mondes autres que le sien, et Ashwood a plié le temps. Ainsi elle va juste se réveiller d’un cauchemar et pour ses proches elle n’aura jamais disparue.

Merci à vous trois je vais enfin pouvoir me reposer un peu.

La chatte n’avait même pas eu le temps de finir sa phrase qu’une porte se matérialisait au milieu de la pièce. La chatte souffla et se leva en grognant :

— Pas moyen de se reposer cinq minutes …Si quelqu’un pouvait avoir l’amabilité de me l’ouvrir sans que j’ai à y gratter, sauter ou miauler, je lui en serai très reconnaissante.  

Le professeur se leva faisant signe à Tara de rester assise. Il regarda la porte de toute celle qu’il avait traversé celle-ci était la plus vieille qu’il n’ait jamais vu.

où mène-t-elle ?

— Chez mon maître, répondit Aurélia dans un souffle.

La mère Michelle ?

Non, celui d’avant.

Il emprunte les portes lui aussi ? demanda le Professeur en ouvrant la porte.

De l’autre côté il n’y avait que nuage et brume blanchâtre et duveteuse.

— Non. Lui, les construit, répondit Aurélia en s’engageant dans le passage.

Avant que le grand bibliothécaire n’ait pu rajouter quelque chose, la porte avait disparu et Aurélia aussi. Chacun reprit sa place, un brin hébété par cette révélation puis le Professeur secoua la tête, et commença une histoire.

 

 

 

© CC L’ivres d’histoires 2021

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